Une campagne pour Jérusalem
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur la décision de Tzipi Livni de renoncer à poursuivre les consultations en vue de former un nouveau gouvernement, et d’opter ainsi pour la tenue d’élections législatives anticipées en Israël. Le destin national d’une femme politique, que l’opinion compare volontiers à Golda Meir, est en panne.
Le Président de l’Etat Shimon Pérès lui avait confié la responsabilité de former un gouvernement après sa victoire contre Shaoul Mofaz dans la course à la présidence de Kadima. Elle devra maintenant convaincre l’opinion, appelée aux urnes au cours de l’hiver prochain.
Certains attribuent l’échec des négociations menées par Tzipi Livni avec l’ensemble des partis de la Knesset à un manque d’expérience, voire à un manque d’indulgence à l’égard de ceux qui en demandaient trop. C’est d’ailleurs avec cet argument qu’elle justifie sa décision : « J’ai fait des offres raisonnables », mais « les demandes formulées par certains partis sont inacceptables. Il y a des éléments de l’Etat qui ne se marchandent pas ».
Certes, les tractations avec le Shaas font légende dans l’histoire de la démocratie israélienne, mais si Tzipi Livni n’a pas réussi à convaincre les leaders politiques de plusieurs partis, c’est surtout parce qu’elle refuse de geler les négociations avec les pays arabes. « J’ai une responsabilité envers le pays » affirme-t-elle, répondant au Likoud, qui lui reproche son absence d’engagement à ne pas diviser Jérusalem.
Pour Tzipi Livni, qui a mené tant bien que mal les négociations avec les Palestiniens en tant que Ministre des affaires étrangères, la question de la division de Jérusalem était à éviter. Elle a resurgi le 19 octobre dernier lorsque le leader travailliste et Ministre de la défense Ehoud Barak a déclaré « qu’il était temps de relancer les négociations de paix dans la région » et qu’il s’intéressait à nouveau au plan de paix arabe proposé par les Saoudiens en 2002.
L’initiative saoudienne propose toujours la reconnaissance de l’Etat juif par l’ensemble du monde arabe en échange du retrait israélien des territoires acquis durant la guerre des Six Jours en 1967. Le plan saoudien demande également la constitution d'un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale et le droit au retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants.
Il y a un an environ, alors qu’il demandait aux Israéliens de se préparer à de douloureuses concessions, Ehoud Olmert avait qualifié de positive l’initiative saoudienne, rejetant toutefois catégoriquement les négociations relatives au retour des réfugiés.
La surenchère pacifique d’Ehoud Barak, allié stratégique supposé de la Présidente de Kadima, aura sans doute précipité l’échec des négociations menées par Tzipi Livni. Barak n’a pas hésité à communiquer sur l’intérêt qu’elle pouvait porter à l’initiative saoudienne… En la positionnant ainsi un peu plus à gauche sur l’échiquier politique israélien, il est parvenu à semer le trouble sur les véritables intentions de Kadima.
La campagne pour l’élection de la prochaine Knesset devrait donc être centrée sur la question de l’avenir de Jérusalem. Ultime étape vers la paix pour les uns, le partage de Jérusalem reste pour la grande majorité des membres de la Knesset une solution inacceptable.
La campagne électorale a donc commencé. Guysen TV propose à ses téléspectateurs, de plus en plus nombreux, de la suivre au quotidien. Ce sont aujourd’hui des centaines de milliers de téléspectateurs qui peuvent regarder la chaine d’information du Moyen Orient sur le câble et la plupart des plateformes, dont la « BBox », qui accueille Guysen TV depuis quelques jours.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, retenu en otage par le Hamas depuis 859 jours. Noam Shalit, son père, déplore l’absence de réel engagement des responsables politiques israéliens à l’heure où s’engage la campagne électorale. D’ailleurs c’est le Président égyptien Hosni Moubarak qui a annoncé cette semaine que Guilad Shalit « se porte bien ». Guilad a reçu la lettre que ses parents avaient transmise au Président Sarkozy. Partout au Moyen Orient, on attend de lire sa réponse.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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