C'était en 2021.
Ils avaient tout raté : les masques, les tests et par dessus tout la manière de s'adresser aux français. Même nos plus mauvais instituteurs ne nous parlaient pas comme cela quand nous avions dix ans.
Ils avaient dit "le virus n'a pas de passeport. Donc on ne ferme pas les frontières. Ils avaient dit : "Le masque ne sert à rien" avant de l'imposer partout, y compris dans les rues désertes de nos villes et sur les plages. La ministre de la santé quittait son ministère pour aller à une municipale. Lallement, ce préfet qui aimait taper sur du gilet jaune, avait dit "Ceux qui sont en réanimation ce sont ceux qui n'ont pas respecté le confinement, c'est très simple". Je me souviens très bien de ce jour là, c'était un jour où des milliers personnes âgées qui ne sortaient jamais de leur maison de retraite étaient gravement malades, y compris mon père. Cette parole fut plus violente qu'un tir de flashball.
Ils nous avaient confinés et nous avions accepté cette privation de liberté car on ne connaissait pas bien la gravité de la situation. Puis ils nous avaient déconfinés, puis reconfinés. Déjà nous étions nombreux à ne pas être convaincu de ces restrictions nouvelles. La Suède avait choisi une autre voie et n'avait pas cassé son économie. "Oui mais on ne peut pas comparer" nous disait-on, avec ce ton péremptoire et condescendant.
Puis vinrent les vaccins, pas le russe ni le chinois, ceux-là étaient mis de côté sans débat, non, les vaccins occidentaux. Ils expliquèrent soudain que c'était la seule solution. Non pas un élément d'une politique de santé : le seul. Les traitements ? Les gestes ? Le renforcement des défenses immunitaires de la population ? l'aération des locaux ? La petite dose d'humilité face à des phénomènes biologiques que la science ne comprend pas toujours ? Rien de tout cela, il n'y avait que le vaccin.
Ils transformèrent alors la France en un grand vaccinodrome. Tout un gouvernement était orienté vers ce but unique.
Lorsqu'ils virent que 83% des plus de 60 ans étaient vaccinés mais que cela ralentissait chez les plus jeunes, ils ne l'acceptèrent pas.
Ils commencèrent alors à stigmatiser la population des non-vaccinés. La 4ème vague ce serait de leur faute. L'hypothétique reconfinement, de leur faute. Ils étaient les mauvais français, des égoïstes, des complotistes. Kouchner déclarait dans le JDD : "Ne pas se faire vacciner, c'est une trahison". En divisant, en pointant du doigt on préparait la suite.
Le 12 juillet, deux jours avant notre fête nationale, Macron sortait du bois : pour ces mauvais réfractaires, plus d'accès à l'hôpital, ni aux centres commerciaux, ni aux trains, ni aux avions, ni aux restaurants, ni au terrasses. Le plus grave n'étaient pas qu'ils décidassent cela ; c'étaient que beaucoup applaudirent : "bien fait !" "ça suffit !" "c'est mérité !".
Hormis quelques protestations sur les réseaux sociaux le pays ne bougea pas. Ils avaient pris soin de ne pas imposer le vaccin aux policiers et aux gendarmes afin d'éviter toute jonction entre forces de l'ordre et protestataire. La France avait basculé dans quelque chose de nouveau.
Mais le variant Delta continuait à se développer. Comme d'habitude, ils n'étaient pas capables de penser que leurs mesures étaient inopérantes. Ils pensèrent que si cela ne marchait pas c'était que les mesures n'étaient pas assez dures. Comme avait dit un homme politique à propos de Minc : "On peut passer une vie à se tromper".
Alors ils durcirent encore : licenciements de soignants, pressions dans les écoles, sur les employeurs, diffusion de listes de noms. Mais le variant continuait à se développer et d'autres variant débarquaient.
Alors ils durcirent encore et le pays bascula dans ce que nous ne pouvions imaginer.
Quelques hommes se souvinrent des mots de Malraux lors de de l'inauguration du monument rappelant le combat des maquisards sur le plateau des Glières "L'esclave dit toujours OUI !". Ces hommes dirent "NON".
Jérôme Garcia
Vice-président de Notre France
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