Le 6 mai 1954, 55eme jour
Le nombre des défenseurs ne cesse de se réduire avec une pénurie de munitions. L’artillerie française n’a plus que deux heures de feu intensif. Sur Eliane 4, les survivants du I/2e R.C.P. et du 5e Bawouan sont regroupés face à l’est, tandis que la partie sud-est de la colline est confiée à la 4e compagnie du capitaine Trehiou du 1er B.P.C.
En bas, entre collines et rivière, le point d’appui Eliane 3 est tenu par deux grosses sections de parachutistes du 6e B.P.C. Les restes des 1ère et 2e compagnies : Le Page s’accroche sur les rives de la Nam Youm, Trapp le long de la R.P.41. Le point d’appui est aménagé comme un hérisson indépendant. Au centre, l’antenne chirurgicale secondaire où s’entassent quelques trois cent blessés des unités parachutistes de la Légion ; autour, les mortiers de 81 des bataillons paras, regroupés aux ordres du lieutenant Jacques Allaire. Et pour boucler la périphérie, des boyaux où s’entassent pêle-mêle légionnaires de la 13e D.B.L.E., blessés en état de marcher, Thaïs, Algériens, voire des P.I.M. qui ont pris une place au combat.
Deux points d’appui assurent la couverture nord : à droite de la piste d’aviation, Epervier où s’accroche les parachutistes vietnamien du capitaine Alain Bizard, renforcés par des demi-sections du 8e Choc, et à gauche, Huguette 2 et Huguette 3, sous les ordres du commandant Guiraud, avec une vingtaine de légionnaires parachutistes, moins de cinquante Marocains et moins de cinquante légionnaires du I/2e R.E.I.
Dans la partie sud du réduit central, le point d’appui Junon entre le P.C. du général de Castries et la rivière, occupé par les Thaïs Blancs du capitaine Duluat, qui enserrent les mitrailleuses quadruples du lieutenant Redon, qui ont pris de flanc les Champs Elysées.
Vers 20 heures, l’attaque se déclenche et se concentre sur la face est, la division 316 est à l’honneur : le régiment 174 a pour objectif Eliane 2 tandis que le 98 doit s’emparer d’Eliane 4. Toutefois, le régiment 209 de la 312 est également engagé et doit neutraliser Eliane 10 et, sur la face ouest, un régiment de la 308 a pour mission d’occuper Claudine 5, le plus avancé des points d’appui défendant le secteur central. Commencés à la tombée de la nuit, les combats atteignent immédiatement « un caractère d’acharnement particulier », rarement égalé dans la bataille. A 4 heures du matin, Eliane 2 qui a coûté tant de morts aux deux belligérants tombe aux mains des bo doïs. Eliane 4, elle, après avoir résisté toute la nuit bien appuyée par l’artillerie du GONO encore en état de tirer, est finalement submergée en début de matinée, tout comme Eliane 10. Claudine 5 quant à elle, a été évacuée devant la pression ennemie vers 2 heures.
Le télégramme envoyé à Hanoï le 7 mai 1954 à 24 heures se passe de commentaires : « situation critique. Munitions 120 pratiquement épuisées. Reste moins de 500 coups. 1 pièce de 105 en état à Isabelle. 7 à Diên Biên Phu ». Malgré tout, 133 hommes sont encore parachutés au cours de la nuit... »
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