Le Général De Gaulle prononce un important discours au micro de la BBC, le 25 février 1943 :
« Je m’adresse aujourd’hui à la jeunesse de France. Ce n’est pas pour la plaindre. Elle ne l’accepterait pas.
Certes, c’est sur les jeunes Français que pèse le plus durement la souffrance du pays. Physiquement, c’est à eux surtout que manque tout ce dont notre peuple est en ce moment dépouillé. Sur dix garçons et filles de chez nous, neuf ne mangent pas à leur faim. Moralement, ils ressentent, plus cruellement encore que leurs aînés, ce qu’il y a d’humilié dans la condition desfami1les et dans le sort de la patrie. Quelle colère et quel dégoût inspire à leurs âmes de vingt ans la présence de l’ennemi, le travail forcé, la répression et, pire encore, cette simulation dans laquelle on doit se retrancher pour vivre !
Et cependant, jeunes gens, jeunes filles de France, vous ne voulez pour rien au monde de cette pitié, de cette résignation, dont les faibles tentent de vous bercer. Vous avez bien raison! Laissez gémir les esclaves. Mais vous, vous êtes les fils et les filles d’une grande nation.
Sans doute, quelques malheureux osent-ils parler de la décadence de la France. Sans doute, une suite d’absurdités, de lâchetés et de trahisons, commises par ceux-là mêmes qui se prétendaient nos chefs, ont-elles livré à l’envahisseur la totalité du territoire. Sans doute, aujourd’hui encore, l’union pour le combat et pour la liberté rencontre-t-elle l’obstacle dressé par cette même sorte de gens pour qui le devoir se confond avec la passion de garder en tout cas leurs places, par ces pitres du désastre qui se démentent sans vergogne et retournent à l’instant leur habit suivant que le vent souffle de l’Est ou de l’Occident, par ces pharisiens qui n’adorent que l’opportunité. Mais vous savez bien que l’écume qui flotte sur la nation sera tôt ou tard balayée. Il vous suffit de voir et d’écouter pour discerner les trésors de foi, de dévouement, de courage, que le peuple français recèle en ses profondeurs. Vous êtes convaincus que pour la France, l’avenir n’a qu’une seule issue qui s’appelle la libération et que, pour forcer la porte, il faut lutter sans relâche, sans délai, sans ménagement.
L’ennemi est là, avec sa force, sa police, sa propagande. Il est là, qui souille notre sol, empoisonne notre atmosphère, déshonore nos maisons, outrage nos drapeaux. Il est là, à demi-vaincu, s’efforçant de suppléer par l’oppression des populations sans armes aux victoires qui, désormais, lui manquent. Jeunesse de France, c’est le moment ou jamais de faire tout ce qui peut être fait pour nuire à l’envahisseur, en attendant de pouvoir le détruire. C’est à vous, surtout, qu’incombe ce dur et grand devoir de la guerre. C’est vous que l’ennemi vise d’abord, lui qui, en ce moment même, veut vous mobiliser pour travailler à son profit. Faites tout pour lui échapper et, si c’est impossible, pour le tromper, l’abîmer, le décevoir. Groupez-vous avec discipline dans les organisations de résistance qui sont la France Combattante du dedans. Suivez les consignes. On ne fait rien de fort ni de grand qu’en se confondant avec les autres. L’honneur, aujourd’hui, c’est d’être une vague de la mer.
Jeunes gens, jeunes filles de France, courage! Voici l’heure du plus grand effort. C’est à ce prix que les chaînes tomberont, que le cachot s’ouvrira, que le soleil va reparaître. C’est à ce prix que vous retrouverez la joie d’être au monde, l’ardeur de vivre et de donner la vie, le droit de chanter et de rire, la fierté d’être libres dans un pays glorieux et fraternel. Ecoutez parler votre cœur. Il contient l’avenir de la France ! »
(Général Charles de Gaulle)
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