Roger TALVAS, adjudant-chef en retraite, l'un de nos derniers grands Anciens s'est éteint le vendredi 13 septembre 2019 dans sa 94e année.
En s’engageant dans les Troupes coloniales en octobre 1945, Roger TALVAS n’imaginait probablement pas qu’il deviendrait un soldat d’élite dans l’Arme d’élite qu’il avait choisie !
Après son apprentissage de cavalier blindé au régiment colonial de chasseur de chars (RCCC) stationné en Allemagne, il débarque en Indochine en 1947. Sergent, il est affecté au 2e escadron du RICM. Pendant 32 mois, principalement au Tonkin, comme chef de bord d’engin blindé ou chef de patrouille, il va effectuer toutes les missions propres à son unité : ouvertures de piste, escortes de convoi, appui à l’infanterie, reconnaissances offensives. Missions qui seront presque toujours ponctuées par des embuscades ou des combats meurtriers. Il sera ainsi de tous les coups durs sur cette terrifiante RC4 jalonnée par les tombes sommaires des tués et les carcasses noircies des véhicules ; mais il sillonnera également à différentes reprises la RC3.
Le caractère bien trempé de Roger Talvas, son mépris du danger allié à un indéniable sens de la manœuvre et du terrain lui permettront de se sortir de bien des mauvais pas en infligeant des pertes significatives à un adversaire pugnace.
Quatre citations viendront alors récompenser son engagement et son courage.
Après un bref séjour au Maroc, il reprend le chemin de l’Extrême-Orient en 1951. De nouveau au Tonkin, il est chef de poste dans la région de Sept-pagodes. Il passe ensuite aux commandos nord-vietnam, désigné pour ses qualités militaires exceptionnelles et son esprit d’initiative. En 1953, il retrouve la sinistre RC4 et occupe un poste à 20 kilomètres de la frontière chinoise où il commande une centaine de combattants vietnamiens. Il quitte l’Indochine cette année-là, avec deux nouvelles citations et la Médaille militaire qui lui été concédée à titre exceptionnel.
Entre 1955 et 1957, il est affecté en Mauritanie comme adjoint dans un peloton méhariste. Ses savoir-faire de combattant aguerri sont de nouveaux mis en valeur au cours d’un accrochage où il prend le commandement de son peloton dont le chef a été mis hors de combat. Une nouvelle citation s’ajoute aux précédentes.
Enfin, en Algérie, entre 1958 et 1960, comme chef de section d’infanterie, il se distingue en toutes occasions dans la recherche et l’anéantissement des éléments rebelles dans son secteur. Outre une citation gagnée, il se réjouira de n’avoir perdu aucun homme – hormis quelques blessés – au cours des 27 mois de campagne vécus sur cette terre africaine.
Les armes se sont tues et Roger Talvas entre en 1961 dans le cycle normal des affectations propres à l’Arme. Outre-mer, il sert ainsi au Sénégal et à Djibouti, alternant avec des mutations à Nantes, Vannes – où il retrouve le RICM – et Saint-Malo où il met un terme à une remarquable carrière de combattant et de sous-officier exemplaire et humble, respecté et admiré de tous.
Officier de la Légion d’honneur, médaillé militaire, chevalier de l’Ordre national du Mérité, titulaire – entre autres décorations – de la croix de guerre des TOE et de la croix de la Valeur militaire avec huit faits de guerre, l’adjudant-chef Roger Talvas avait été fait commandeur de la Légion d’honneur en 2017.
Ses obsèques se sont déroulées ce jour, mardi 17 septembre 2019, en la basilique Notre-Dame-de-Paradis à Hennebont (56700), en présence de Gérard ROUSSEL, président de la 3e Section qui a prononcé l'éloge funèbre, et du drapeau porté par Charles-Robert BEAUGÉ, entourés par Michel GOUAS, Alain GARCIA, Gérald RYDER et christian SOLER.Les drapeaux de la Légion d'honneur, de la Médaille militaire et de l'UNC étaient présents avec de nombreux présidents d'associations patriotiques ainsi qu'une délégation des Anciens du 3e RIMa. L'hymne de l'infanterie de marine a été chanté a cappella après les honneurs militaires.
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