Le 25 septembre 1918
Depuis le 8 septembre, les préparatifs sont poussés avec une fiévreuse activité en Champagne et en Argonne. Le front d’attaque prévu aura un développement de 70 kilomètres.
L'Armée Française du Général Gouraud aligne sept Corps d'Armée en première ligne : 4e, 14e, 11e, 2e, 9e et 38e, soit 15 divisions françaises, sur les quelque 30 kilomètres qui séparent Prosnes de Vienne-le-Château.
Derrière cette première ligne : 12 divisions d'infanterie française et 3 divisions de cavalerie.
La 1ere Armée américaine du général Pershing a en première ligne 3 Corps d'Armée : Les 1ere, 5e et 3e, soit 7 divisions américaines, et en réserve 8 divisions dont les effectifs sont sensiblement doubles de ceux des nôtres, sur les 40 kilomètres qui séparent Vienne-la-Ville de la Meuse.
La gauche de Pershing, tenue par le 1er Corps, est dans le secteur mort de l'Argonne où toute opération est impossible, et dont l'évacuation doit être obtenue par les succès remportés dans les secteurs voisins
Devant ce front sont établies, derrière des fortifications formidables, une partie de la 1e Armée Allemande de Von Mudra, la 3e Armée allemande de von Einem, appartenant au Groupe d'Armées du Kronprinz, et la Ve Armée Allemande, appartenant au Groupe d'Armées de von Gallwitz.
Il y a là en première ligne 16 divisions allemandes, et en deuxième ligne 4 divisions.
Dans le courant de l'action, 4 nouvelles divisions allemandes y seront transportées de Laon, d'Alsace et du Nord.
Les effectifs des deux adversaires sont donc à peu près équivalents; mais les Allemands, qui ont perdu l'initiative des opérations, ont perdu avec elle toute leur confiance dans le succès. Ils sont inquiets et nerveux.
Ils connaissent vaguement les résultats des offensives de Mangin, de Degoutte et de Debeney à l'ouest; à l'est, ceux de l'offensive Franco-Américaine de Saint Mihiel.
Ils multiplient les reconnaissances d'aviation, les coups de sonde, les tirailleries de nuit sans motif. Ils calquent le dispositif adopté par la 4e Armée française à la dernière bataille de Champagne, évacuant leurs premières lignes et adoptant un dispositif en profondeur.
Chez nous, on est exactement averti de ces dispositions par des déserteurs et on en tiendra compte.
Or, dans l'autre camp, on s'inspire des excellentes méthodes de préparation en usage dans l'Armée allemande au temps de son apogée.
Avec son admirable esprit de méthode, le général Pétain a réglé tous les détails de l'opération, qui ont été arrêtés du 8 au 15 septembre.
Le transport des unités de renfort venues de très loin, même des Vosges, est effectué la nuit, avec d'infinies précautions, du 16 au 25 septembre.
L’attaque est fixée au 26 septembre; et encore dans la nuit du 25 au 26 on exécute la relève de toutes unités françaises qui se trouvent dans le secteur Américain, afin que Pershing ait toutes ses unités bien groupées dans sa main, entre l’Argonne et la Meuse.
Le Maréchal Foch est là, lui aussi. Il vient d'établir un poste de commandement aux Trois-Fontaines, près de Saint-Dizier, et Pétain en a établi un à Nettancourt, près de Revigny. Ainsi les deux grands chefs sont au centre de leurs opérations, en mesure de tout surveiller et de tout diriger.
Le 25 septembre, à 11 heures du soir, la préparation d'artillerie se déclenche. Elle s'adresse au delà des lignes d'avant-postes évacués, aux positions de défense réellement occupées par l'ennemi et dont le plan nous est parfaitement connu.
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