Le 19 mars, jour de deuil !
Comme un bon nombre de responsables associatifs combattants et mémoriels, j’ai reçu une invitation pour venir assister à la « journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie. »
Comment peut-on rendre hommage aux victimes de la guerre d’Algérie alors que les plus grands massacres de cette guerre ont eu lieu après cette fameuse date du 19 mars 1962?
Cette « journée nationale du souvenir » du 19 mars a été instituée le 6 décembre 2012 par le Président de la République, François Hollande, suite à un vote de sa majorité parlementaire. Faut-il rappeler que depuis un certain nombre d’années il existe déjà une journée d’hommage aux morts de la guerre d’Algérie qui a lieu le 5 décembre? (décret du 26 septembre 2003).
Cette date du 19 mars correspond en réalité à la signature des accords d’Evian, le 19 mars 1962, instituant le cessez-le-feu en Algérie après plusieurs années de guerre. Cependant bien après cette date, des massacres ont eu lieu et des milliers de civils européens ainsi que des harkis ont été assassinés de manière particulièrement brutale et atroce. Sans compter l’exile massif qui suivra d’un million de pieds noirs n’ayant aucune autre possibilité face à la menace de voir leur sang couler. Ils ont quittés la terre où ils ont vécus toute leur vie, où sont enterrés leurs parents et ancêtres.
Cette date du 19 mars, qui est en réalité une défaite française, marque ainsi notre histoire d’une tache sombre et le fait de la cautionner est une insulte pour la mémoire de celles et ceux qui sont morts.
Commémore t-on la défaite de la France en juin 1940?
Pourquoi alors celle de mars 1962?
Je veux rendre hommage à la mémoire des harkis et pieds noirs qui ont été abandonnés de façon indigne après le 19 mars 1962, ceux qui ont subis le déferlement sanglant de haine du FLN qui n’a pas respecté les accords de cessez-le-feu d’Evian. Il faut aussi rendre hommage à nos anciens combattants qui ont su garder la tête haute suite à cet affront.
Le 19 mars 2016, comme de nombreux représentants associatifs d’anciens combattants et de mémoire, je n’assisterai pas à cette cérémonie politique insultante à notre mémoire nationale collective. D’ailleurs l’association nationale de mémoire qu’est le Souvenir Français, libre de tout lien confessionnel ou philosophique, n’a aucune attache politique quelle qu’elle soit. Il serait donc inconcevable de représenter le Souvenir Français à une cérémonie à caractère politique.
La transmission de la mémoire collective nationale est l’affaire de tous. Le respect de cette mémoire tout autant. La salir est à la seule responsabilité de ceux qui en prenne part.
Raphaël LEROUX
Président du comité de Nîmes du Souvenir Français
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