Le Maréchal Louis-Gabriel Suchet.
Nous avons vu dans un précédent article comment le Maréchal Soult, chassé d'Espagne par l'armée de Wellington, ayant perdu la bataille de Toulouse le 10 avril 1814, se repliait sur Carcassonne quand l'abdication de Napoléon mit fin à la campagne de France.
Bien différentes furent les opérations menées par Louis-Gabriel Suchet (1770-1826) : fils de soyeux lyonnais, engagé à 23 ans, maréchal depuis 1811 et duc d'Albufera, il fut l'un des meilleurs généraux de l'Empire… et évita à notre département d'être envahi en 1814. À la tête depuis 1808 de l'armée de Catalogne et d'Aragon, avec seulement 30 000 hommes, il conquiert et pacifie en trois ans ces deux régions ainsi que la côte méditerranéenne jusqu'à Alicante. En effet, il négocie avec les notables locaux et les fait participer à l'administration de leur province, tout en favorisant l'activité économique. Quant à son armée, à la différence de celle de Soult, elle est astreinte à la plus stricte discipline, si bien que la guérilla a une activité très restreinte.
En 1814, avec des effectifs moindres, car ponctionnés par Napoléon pour servir dans les autres zones de combat, Suchet résista plus longtemps en Espagne que Soult, défendant Tarragone, Gérone, Barcelone. Après avoir fait sauter le fort de Rosas, il se replie sur la frontière des Pyrénées-Orientales qu'il défend jusqu'au bout. Aussi, quand Soult lui demande de se porter sur l'Ariège par Quillan afin de réunir les deux armées, il refuse car il estime que cette manœuvre peu réaliste ouvrirait la frontière et l'Aude à l'invasion.
Il dirige alors ses troupes sur Narbonne, où il apprend l'abdication de l'empereur survenue le 6 avril. Son armée reconnaît Louis XVIII comme souverain légitime, il en informe Soult puis se rend à Toulouse pour se rallier au duc d'Angoulême, fils du futur Charles X, «qui l'entretint de la manière la plus flatteuse» au témoignage du maréchal.
Jean-Noël Brégeon, « Histoire de la campagne de France », Grasset, 2014.
Claude Marquié
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