POÈME

La Jalouse -
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Je suis un gâs de Saint-Malo 
Et vous, fille de Cornouailles, 
Avec le pauvre matelot 
Vous désirez les accordailles. 
M'aimer serait du temps perdu 
Chassez-moi de votre pensée. 
L'amour, hélas ! m'est défendu 
Car la mer est ma fiancée ! 
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Lorsque j'étais petit garçon 
Et que je dormais sur la grève 
La mer chantait à sa façon, 
Afin de mieux bercer mon rêve 
Ne tenons plus de doux propos 
Comme nous faisions tout à l'heure. 
Ma fiancée a le cœur gros, 
Entendez-vous comme elle pleure ? 
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En vrai Breton, j'ai pour la mer 
Un amour sauvage et farouche, 
J'ai soif de son baiser amer 
Qui parfume et meurtrit ma bouche 
Rendez-moi vite mes genêts, 
Reprenez votre boucle blonde 
Ma fiancée est aux aguets, 
Entendez-vous comme elle gronde ? 
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Quand on lui fait quelque chagrin 
La mer se venge de l'infâme. 
C'est pourquoi le pauvre marin 
Ne devrait jamais prendre femme. 
Adieu ! Puisqu'il en est ainsi, 
Vous ne serez pas mon épouse. 
Mais ne rodez pas par ici 
Car ma fiancée est jalouse.

Théodore Botrel