Le 31 mars 1547 : L'Avènement du Roi de France Henri II
La mort à 53 ans du roi François 1er, à Rambouillet, le 31 mars 1547, amène sur le trône de France le deuxième fils qu'il a eu avec Claude de France : Henri II (28 ans tout juste). Marié à 14 ans à Catherine de Médicis, le nouveau roi lui préfère néanmoins Diane de Poitiers, de vingt ans plus âgée que lui. Elle a su le consoler d'une pénible captivité à Madrid, otage de l'empereur Charles Quint...
Succès diplomatiques
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Sitôt sur le trône, Henri II arrange les fiançailles de la petite reine d'Écosse Marie Stuart à son fils aîné François (3 ans l'un et l'autre). La fillette a pour mère Marie de Lorraine, soeur du puissant François de Guise. Celui-ci s'empresse d'aller chercher sa nièce en Écosse et de la ramener à la Cour.
Après ce premier succès diplomatique, le roi négocie avec les princes protestants allemands la cession des Trois-Évêchés lorrains (Metz, Toul et Verdun) en échange de son soutien contre le vieil empereur Charles Quint. Celui-ci met le siège devant Metz à l'hiver 1552-1553 avec une puissante armée de 60.000 hommes mais la ville, défendue par 10.000 hommes seulement, sous le commandement du duc François II de Guise, lui résiste avec succès.
Les Français ont moins de chance en Italie face aux Impériaux (les soldats de l'empereur). Début 1557, François de Guise, dit le Balafré, tente un «voyage à Naples» mais cette expédition militaire se solde par un échec...
Qu'importe. Le duc se hâte de rentrer en France car, entre-temps, le 10 août 1557, le vieux connétable Anne de Montmorency, que le roi a sorti de sa disgrâce, s'est fait battre et capturer à Saint-Quentin (Picardie) par les Impériaux. François de Guise le remplace aussitôt comme lieutenant général du royaume et va derechef reprendre Calais aux Anglais !
Henri II, qui voit ses finances s'épuiser et s'inquiète de la poussée calviniste, souhaite s'arrêter sur ces succès. Il y est encouragé par le connétable, soucieux d'obtenir sa libération ! C'est ainsi qu'est signée le 3 avril 1559 la paix du Cateau-Cambrésis (Flandre) avec le roi d'Espagne Philippe II, successeur de Charles Quint. Les conditions en sont très défavorables pour la France. Celle-ci se voit confirmée de facto la possession des Trois-Evêchés ainsi que de Calais. Mais elle doit par ailleurs restituer au duc de Savoie la Bresse, le Bugey, la Savoie elle-même et les places fortes du Piémont. Enfin, le roi de France renonce sans regret au mirage italien et aux anciennes revendications sur Naples et Milan.
Il est prévu que le roi d'Espagne Philippe II épouse Élisabeth, fille du roi de France. Les fêtes données à Paris pour célébrer ce traité et le mariage s'achèveront dans la tragédie avec la mort accidentelle du roi.
Chambre ardente
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Dans le même temps où il s'allie aux princes protestants d'Allemagne, Henri II entame la traque des protestants de son royaume. Il y est incité dès le jour de son sacre, le 25 juillet 1547, par le cardinal de Lorraine, archevêque de Reims et frère de François de Guise.
Le 8 octobre 1547, il crée au sein du Parlement de Paris une «Chambre ardente» habilitée à juger et condamner les personnes suspectes d'hérésie ! En moins de deux ans, cette institution laïque va prononcer 200 condamnations, dont une soixantaine de condamnations à mort. Le clergé catholique ne manque pas de protester contre cette intrusion du pouvoir laïc dans les affaires religieuses si bien qu'un nouvel édit, le 19 novembre 1549, va réserver aux tribunaux ecclésiastiques la poursuite de l'hérésie. L'édit de Châteaubriant, le 27 juin 1553, oblige tout imprimeur à demander un visa préalable de la faculté de théologie.
Un tournant s'amorce après le désastre de Saint-Quentin. Henri II, pressé de toutes parts, souhaite se réconcilier avec son vieil ennemi, le roi d'Espagne, et apparaître comme le champion du catholicisme. À défaut de pouvoir introduire l'Inquisition en France, il promulgue l'édit d'Écouen le 2 juin 1559, qui autorise l'exécution sommaire de tout protestant révolté !
Des mesures similaires, notons-le, étaient prises à la même époque par la plupart des gouvernants, qu'ils fussent catholiques, luthériens ou calvinistes (comme Calvin lui-même) pour consolider l'unité de leur État. Cela n'a encore rien à voir avec les sauvages guerres de religion qui vont survenir après la mort du roi. Au demeurant, ces mesures répressives n'empêchent pas les calvinistes français de tenir un grand synode à Paris en 1559, ni les membres de la haute noblesse de se convertir à la foi calviniste, y compris de nombreux familiers du connétable de Montmorency.
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