16 octobre 1914, Albert 1er s'engage dans la bataille de l'Yser
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La Grande Guerre débute avec l'invasion de la Belgique et du Luxembourg par l'armée allemande le 3 août 1914.
Deux mois plus tard, après s'être emparée d'Anvers, la IVe armée allemande se heurte le 16 octobre 1914 aux débris de l'armée belge commandés par le roi Albert 1er en personne. Le roi des Belges va, par un baroud d'honneur et une résistance héroïque, éviter l'occupation complète de son malheureux royaume.
André Larané
Héroïsme belge
Albert 1er, roi des Belges (1875-1934)Usant de sa prérogative constitutionnelle, Albert 1er (39 ans), bien qu'il n'ait rien d'un foudre de guerre, a exigé de prendre le commandement de ses armées sitôt après l'invasion du 3 août.
« Un pays qui se défend s'impose au respect de tous ; ce pays ne périt pas », déclare-t-il le lendemain, 4 août, devant le Parlement... « Je ne sais pas si je ferai de grandes choses : j'empêcherai seulement qu'on en fasse de mauvaises », ajoutera-t-il plus tard (*) !
Sous son commandement, la petite armée offre une résistance inattendue aux Allemands, lesquels s'attendaient à être accueillis par une haie d'honneur !
Bien que pilonnée et décimée, l'armée résiste crânement sur la Gette pendant plusieurs jours. Elle immobilise 150.000 soldats allemands devant les forts de Liège avant de se replier à la fin août sur la place fortifiée d'Anvers.
Enfin, Albert 1er se résout à ordonner l'évacuation du port pour éviter un encerclement qui lui serait fatal.
En septembre 1914, grâce à la contre-offensive de la Marne, la progression allemande est stoppée aux portes de Paris. Les Allemands et les alliés franco-britanniques entament alors la « course à la mer » avec les Allemands : c'est à qui arrivera à déborder l'autre par l'ouest.
Le roi des Belges se voit alors intimer par le général Joffre l'ordre d'évacuer complètement la Belgique et de se replier sur Lille. Mais il s'y refuse catégoriquement et obtient de ses alliés le droit de résister sur l'Yser.
Le 13 octobre, dans une proclamation solennelle à ses troupes, celui qu'on va surnommer le « roi-chevalier » leur demande de défendre coûte que coûte ce petit fleuve côtier qui prend sa source près de Saint-Omer (France) et se jette à Nieuport (Nieuwpoort), à la pointe sud-ouest de la Belgique, à vingt kilomètres au nord de Dunkerque (France). Il entend de cette façon maintenir un morceau du territoire hors des griffes de l'envahisseur.
Les soldats allemands, rendus nerveux par la crainte exagérée d'être pris pour cible par des francs-tireurs (on dit aujourd'hui « snipers »), se livrent à toutes les abjections possibles : exécutions sommaires, viols, destructions et incendies volontaires (la mémorable bibliothèque de Louvain disparaît ainsi dans les flammes). Le souvenir de ces violences poussera les Belges et beaucoup de Français sur les routes de l'exode quand l'invasion se renouvellera en mai 1940.
Les 75.000 soldats belges, renforcés par environ 7.000 Français, offrent une résistance héroïque à l'agresseur. Mais les Allemands, au nombre de 140.000, arrivent à franchir l'Yser dans la nuit du 21 au 22 octobre. Ils occupent Dixmude (Diksmuide en flamand), Merkem, Bikschote, Poelkapelle et Beselare.
Habilement, Albert 1er riposte en donnant l'ordre, le 27 octobre, d'ouvrir les écluses de l'Yser à Nieuport, obligeant l'envahisseur à se replier (cette tactique de la « terre inondée » a été plusieurs fois pratiquée dans le passé, par exemple lorsque Louis XIV tenta d'envahir les Pays-Bas).
C'est Henri Geeraert, modeste éclusier de son état, qui lui en aurait suggéré l'idée. Il est allé lui-même récupérer nuitamment des manivelles dans une auberge et ouvrir lesdites écluses, sous bonne escorte. Cela lui a valu de figurer au verso des anciens billets de 1000 francs belges, avec le roi au recto.
Trois jours plus tard, le général allemand Beseler tente de reprendre l'offensive avec des troupes fraîches mais dès le lendemain, menacé par la montée des eaux, il doit évacuer ses positions. Les Allemands reportent dès lors leur effort au sud-est, à Ypres (Ieper en flamand), bien au-delà de la boucle de l'Yser.
La bataille de l'Yser (Belgique, 16-31 octobre 1914), doc : Alain Houot
Les Belges et Albert 1er peuvent ainsi s'honorer d'avoir remporté la bataille de l'Yser et conservé hors de portée de l'ennemi un bout de leur pays, une quarantaine de villages sur cinquante kilomètres carrés de dunes et de prairies.
Pendant quatre longues années, soucieux de préserver envers et contre tout la souveraineté belge, Albert 1er va tenir tête avec trente-cinq mille soldats à l'armée allemande, sur un front d'une quarantaine de kilomètres, tout en refusant de diluer ses troupes dans l'Entente franco-britannique.
Le couple royal loge dans une villa en briques rouges, sans luxe ni confort, dans la station balnéaire de La Panne, sur la mer du Nord. Albert 1er s'en échappe à maintes reprises pour tenter de négocier une paix de compromis et hâter la fin du conflit.
Le « roi-chevalier » connaîtra la consécration en faisant son entrée à Bruxelles avec sa famille, le 22 novembre 1918.
Le roi des Belges Albert 1er sur le champ de bataille pendant la Grande Guerre 14-18
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