La fin d’une histoire d’amour !

 

Marillion : sans doute ce nom ne dit rien à la plupart d’entre vous. Et pourtant, même insuffisamment médiatisé, Marillion poursuit son petit bonhomme de chemin depuis plus de 32 ans. Belle longévité pour un groupe qu’il est difficile de classer. Entre rock progressif et pop symphonique, c’est tout de même un ensemble musical de grand talent. Je l’ai adulé, soutenu, suivi même à l’étranger. Au point de lui consacrer un ouvrage « l’ère du poisson ». (1994) Et de songer à lui donner une suite. Et aujourd’hui, je me sens trahie. Comme par un bien aimé qui m’aurait délaissée. Qui l’eût cru ? d’un groupe à qui ni la finesse, ni l’intelligence ne font défaut. Qui a écrit une chanson « White russians » après une visite à Auschwitz. Un groupe plein de sensibilité.

Mais hélas, la désinformation a encore frappé, et leur dernier opus, tout frais pressé a produit en moi un électrochoc « Gaza » ! une complainte où le chanteur se met dans la peau d’un petit gazaoui pour dire son désespoir. Cette identification ne laisse planer aucun doute : Parti est pris, avec une condamnation sans appel de ceux qui ne sont pas nommés pour donner le change, mais qui peut être dupe ? Ils, ce sont bien les Israéliens qui oppriment ces pauvres Palestiniens, les contraignant à devenir martyrs, comme le « grand frère ». Peut-être justement fallait-il en dire plus sur les « martyrs », enfants élevés dans la haine à qui on bourre le crâne dès le berceau et à qui on promet vierges à profusion au paradis. Plutôt que de rester évasif sous prétexte d’émotion.

« I had no idea what martyrdom meant
Until my older brother.. my older brother
I'm sorry. I can't continue.”

 Effectivement, il ne semble pas savoir ce qu’est un martyr, à l’instar de ce rédacteur de l’IRIB (Iran) « Le résistant Abdel-Rahman Sobhi Sababi (24 ans) est tombé en martyr, dans une explosion, dans le site d’entraînement d’Abou el-Ataya,”. Ça prête Presque à rire, tant les mots sont dévoyés… 

Et malgré une phrase pour se disculper « Rien n'est jamais simple - c'est sûr
Il y a des mères en deuil des deux côtés du grillage », histoire de se donner bonne conscience, il faudrait être aveugle pour ne pas voir de quel côté se range Marillion.

Etait-il nécessaire de commettre cette chanson, pleine de contre-vérités ?  L’actualité ne fournit-elle pas d’autres motifs de s’indigner ? Hessel, quand tu nous tiens…

Comme à quelqu’un qu’on aime, on cherche des excuses, je penche pour une mauvaise connaissance du terrain. Comme la majorité des gens, hélas ! je ne veux en croire que la réaction unanime sur l’album et particulièrement la chanson, qui en est une des plus longues, un morceau phare, un « epic » : ce n’est qu’un concert de louanges. Sur près de 400 posts sur la page Facebook (http://www.facebook.com/MarillionOfficial), nous sommes 3 à avoir réagi négativement, tous les autres ont trouvé ça génial, renversant, « un poème humanitaire »… on marche sur la tête, les mots ne veulent plus rien dire,

 "Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal; 
Qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres:
Qui font de l'amer le doux et du doux l'amer." (Is 5, 20).

et tout le monde trouve ça tout naturel ! Tout cela est decontextualisé

« Ils ont fait pleuvoir des balles sur nous alors que nos maisons s’effondraient »

Tous ont oublié pourquoi Gaza a été bombardé ? Et surtout comment les civils ont été utilisés comme boucliers humains. “Les  Israéliens ne savent pas que le peuple palestinien a progressé dans ses recherches sur la mort. Il a développé une industrie de la mort qu’affectionnent toutes nos femmes, tous nos enfants, tous nos vieillards et tous nos combattants. Ainsi, nous avons formé un bouclier humain grâce aux femmes et aux enfants pour dire à l’ennemi sioniste que nous tenons à la mort autant qu’il tient à la vie.” Fathi Hammad(responsable du Hamas, février 2008)

EL-helou international hotel in Gaza

(Nous vivons, à huit, dans cette chaleur surpeuplée 
Animaux d’élevage industriel vivant dans notre propre sueur  …à la lueur des torches »)

Et voilà le mythe du camp à ciel ouvert qui resurgit ! comment croire à pareille légende quand on sait que des centres commerciaux, des hôtels luxueux se construisent et que de grandes fortunes se sont constituées.

 

 

Allons bon ! Israël est sans arrêt condamné au Conseil de sécurité (au fait jamais les pays arabes n’ont été montrés du doigts pour les réfugiés juifs, chassés manu militari par les Nasser et consorts, plus nombreux que les palestiniens…quittant leurs biens sur injonction des gouvernants arabes, persuadés qu’ils ne feraient qu’une bouchée d’Israël en 48).

Et quant à l’aide internationale, elle ne fait pas défaut : 3,96 milliards de dollars par an en 2010, source : http://www.nuitdorient.com/

-35 millions d’euros  « l’Union européenne a débloqué lundi 19 mars 2012 une aide de 35 millions d’euros » (source RFI)

-et comble d’ironie « 180 millions de NIS  )Israeli shekels,accordés à « l’Autorité palestinienne ». 

Mythologie bon marché

Encore un mythe qui fait floresse : pauvres palestiniens gavroches n’ayant que des pierres pour se « défendre » for every hot-head stone ten come back
For every hot-head stone a hundred come back
For every rocket fired the drones come back

(Pour chaque pierre lancée par une tête brûlée dix reviennent
Pour chaque pierre lancée par une tête brûlée cent reviennent
Pour chaque roquette tirée, les drones reviennent)

 

L’intention est claire : les forces sont inégales, ce qui est vrai, car Israël est isolé dans un océan de pays surpuissants soutenant les palestiniens dont ils n’ont du reste rien à faire… Ils ont le pouvoir du pétrole, sont alliés à la Russie et surtout à l’Iran, qui est la seule menace réelle pour la stabilité et la paix. Et imputer les « pierres » à des têtes brûlées, c’est oublier totalement qu’il y a un projet politique soutenu par le hamas et le hezbollah, armé par l’Iran et la Lybie. Ce n’est pas les fait de quelque dérangé isolé !

For thirteen years the roads have all been closed
We're isolated. We're denied medical supplies
Fuel and work are scarce. They build houses on our farms
The old men weep. The young men take up arms.

(Depuis treize ans toutes les routes ont été coupées
Nous sommes isolés. Le ravitaillement médical nous est refusé
Le carburant et le travail sont rares. Ils construisent des maisons dans nos fermes
Les vieillards pleurent. Les jeunes prennent les armes)

 

Que de contre vérités dans tout cela ! non seulement les Palestiniens sont approvisionnés mais aussi soignés en Israël ! Quant aux fermes, c’est carrément n’importe quoi !

We all want peace and freedom that's for sure

(Nous voulons tous la paix et la liberté, c'est sûr)

Eh non ! rien n’est moins sûr justement ! ce qu’ils veulent c’est la destruction d’Israël, cf la charte du Hamas.

It's like a nightmare rose up from this small strip of land
Slouching towards Bethlehem

C’est comme un cauchemar qui s’est dressé en se penchant vers Bethléem
Se penchant vers Bethléem

De Gaza à Bethleem, il y a, même si Israël est un tout petit territoire, tout de même plus qu’à se pencher, sauf justement à relier les deux territoires en annihilant Israël.

Gaza, une chanson pour la paix ? naïveté, inconscience, ignorance font en tout cas ici le lit de la haine envers Israël et renforcent les idées aussi fausses que convenues. La seule chance de Marillion de se rédimer serait d’écrire un « pauvre enfant de Sdérot, qui vit dans les abris sous les pluies de rockets ». Mais cette vérité-là, qui en parle, et a fortiori, qui la chante ?

En attendant, j’ai annulé tous mes projets concernant Marillion, ma précommande, le concert de Lille et le week end en Hollande, et le livre naturellement ! j’ai écrit au groupe pour les mettre en garde (à petites causes grands effets, qu’on se souvienne de l’affaire Al Dura). Hélas, je me heurte à un mur de silence  avec toujours la même réponse « Please be aware that as the band are away on tour, we are currently under-staffed and may take longer than usual to respond to your email.

We thank you for your patience and will get back to you as soon as we can. »

 

   Vous je ne sais pas, mais moi la patience commence à me faire défaut devant le mensonge et la désinformation.

Jacqueline QUEHEN© pour JSS news reproduction autorisée avec copyright par l'auteur
Site: http://jssnews.com/