La vie politique israélienne est beaucoup plus passionnante qu'en France.
Pour le Français, tout est si simple. Il est de gauche, de toute la gauche, donc il soutiendra bien évidemment les objectifs et les actions du gouvernement actuel. S'il est de droite, il votera pour le représentant de l'UMP, même si ce parti est mal en point depuis la défaite de Nicolas Sarkozy. Les 18% de la blonde voteront pour le FHaine, mais, sauf énorme surprise ou bizarrerie, le bleu marine ne devrait pas faire son entrée à l'Assemblée nationale.
En Israël, les codes et les convenances disparaissent.
On peut déjà en constater l'influence sur les Franco-israéliens qui, pour la première fois, vont avoir la possibilité d'élire le député de la 8e circonscription, en compagnie des Français de Chypre, Malte, Grèce, Turquie, Italie, St Marin et…du Vatican.
Ils ont voté à une majorité pour Sarkozy, laissant moins qu'une miette à Hollande.
Pourtant la candidate socialiste Daphna Poznanski a des chances d'emporter l'élection, tout en sachant que Valérie Hoffenberg, ayant l'investiture de l'UMP, dispose du capital de Nicolas Sarkozy.
Gil Taîeb et Philippe Karsenty, bien que sans étiquette, ont leurs chances intactes car ils sont très connus des israéliens francophones. Leur engagement, tant en termes de militantisme que de politique, font qu'ils sauront parfaitement représenter, à l'assemblée nationale, les Français de leur circonscription.
Mon propos n'est pas de prendre parti publiquement en faveur de l'un ou l'autre. A l'heure ou sont écrites ces lignes, tous ces candidats peuvent prétendre à la victoire.
Pour revenir à l'électeur israélien stricto sensu, force est de constater qu'il est très exigeant, pour ne pas dire difficile. Il réagit en consommateur, car de fait, la politique israélienne est un marché, je dirais même un centre commercial. Je n'évoquerai pas l'Israélien arabe dont le bulletin est "ethnique", ni l'ultra-orthodoxe qui, dans tous les cas de figure, votera systématiquement pour les représentants de son obédience. Celui qui nous intéresse est l'Israélien moyen, laïc ou religieux sioniste selon les cas.
L'électeur israélien n'est pas monolithique, il fait ses emplettes dans les propositions de chaque parti avec, pour conséquence, une véritable émulation.
Un des paramètres de cette difficulté particulière à laquelle doivent faire face les formations politiques en Israël, c'est la diversité (comme on dirait en France), non seulement des origines, selon les vagues d'immigration successives, mais aussi des modes de vie qui se brassent au sein des familles et des unions.
Tous ces mélanges, religieux et laïcs, sépharades et ashkénazes, enrichissent l'Israélien moyen, ouvrent ses horizons et le rendent plus pointilleux, car il sait que la vérité n'est pas absolue. C'est la raison pour laquelle les partis politiques ne comptent que très peu d'encartés. Après de nombreuses affaires de corruption, de marchandage politiciens, de zigzags, les Israéliens n'ont plus trop confiance, ils n'ont aucune notion de fidélité politique.
En 2006 par exemple, de nombreux jeunes et moins jeunes électeurs donnèrent leur voix au Parti des Retraités qui récolta 7 mandats. Un vote de protestation pour un parti éphémère.
Ce sera peut-être le cas demain pour le nouveau parti de Yaïr Lapid, Yech Atid (Il y a un Avenir). Cependant, Binyamin Netanyahou devrait tout de même se méfier de Lapid surtout depuis que Kadima a intégré la coalition gouvernementale. L'ancien présentateur du journal télévisé représente la nouvelle génération et devient la seule véritable alternative au pouvoir en place. Il pourrait bien créer la surprise.
C'est la raison pour laquelle Bibi, fort d'une coalition inédite en Israël, devrait en profiter pour faire passer les mesures "difficiles", voire impopulaires, tant dans les domaines socio-économique que politique et sécuritaire. Celles dont il est lui-même persuadé qu'elles sont nécessaires pour le bien du pays.
Une politique ferme à l'égard des organisations de gauche qui minent l'image d'Israël à l'étranger et complotent avec les Palestiniens. Une politique ferme à l'égard des Arabes israéliens et surtout de leurs députés qui doivent choisir une fois pour toutes s'ils sont Israéliens ou Palestiniens.
Une politique ferme à l'égard des ultra-orthodoxes qui doivent eux-aussi se décider à participer aux devoirs à l'égard de l'Etat s'ils veulent bénéficier des droits qui leur sont accordés.
Une politique ferme, mais humaine, conformément à notre morale juive, à l'égard des migrants sans-papiers en élaborant des mesures de raccompagnement au pays et des sanctions très dures pour les sociétés israéliennes qui attirent et exploitent ces malheureux.
Une politique ferme à l'égard des sociétés "cochons" qui profitent de manière éhontée des consommateurs et surtout des populations précaires pour faire des bénéfices indécents.
Une politique ferme à l'égard des extrémistes qui s'attaquent aux militaires, qui sont une infime minorité parmi les remarquables habitants juifs des localités de Judée-Samarie.
Une politique ferme, la main tendue avec l'Autorité palestinienne, en faveur de négociations, à condition que celle-ci reconnaisse le caractère juif de l'Etat d'Israël.
Partisan, ainsi que la majorité silencieuse, de telles mesures, je sais que je serai catalogué de gauchiste par les uns et d'extrémiste de droite par les autres. Ce qui ne fera que renforcer ma conviction qu'à l'instar de la majorité des Israéliens, je suis un modéré, épris de paix, prêt au dialogue avec nos ennemis, mais sans la moindre concession sur les nécessités sécuritaires et les valeurs de mon pays.
Deux critères guideront par conséquent mon choix d'électeur moyen : celui de la sécurité d'Israël et celui du sionisme avec ses deux piliers, le maintien du caractère juif de l'Etat d'Israël et l'Alyah.
Rédigé par : |