La jeunesse israélienne est préoccupée. Question de génération, ce n'est plus la guerre qui la tourmente, mais le désir d'une qualité de vie meilleure. Cette génération est bien insérée, participe au développement du pays, remplit ses devoirs, refuse l'assistanat au contraire des jeunes des pays occidentaux, mais souhaite aussi qu'on lui reconnaisse quelques droits.La jeunesse israélienne est préoccupée. Question de génération, ce n'est plus la guerre qui la tourmente, mais le désir d'une qualité de vie meilleure. Cette génération est bien insérée, participe au développement du pays, remplit ses devoirs, refuse l'assistanat au contraire des jeunes des pays occidentaux, mais souhaite aussi qu'on lui reconnaisse quelques droits
Une chanteuse, Alma Zohar, a su trouver les mots pour faire part à Binyamin Netanyahou des aspirations légitimes de cette jeunesse israélienne qui campe aujourd'hui boulevard Rothschild à Tel Aviv et dans de nombreuses villes du pays. Rien d'impossible. Voici la traduction de la lettre qu'elle a adressée au Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre,
Je souhaite vous dire qui nous sommes, ce que nous faisons ici et comment nous en sommes arrivés là. Nous sommes les enfants des années 70, nous avons grandi et cela fait bien longtemps que nous avons quitté l'armée. Après avoir été démobilisés, nous sous sommes promenés aux quatre coins du monde, nous sommes revenus, nous avons obtenu des licences, des maîtrises, nous nous sommes mariés, nous avons eu des enfants et aujourd'hui, nous travaillons, chacun dans sa profession, comme salariés ou comme travailleurs indépendants. En résumé, nous sommes entrés dans la vie active qui devait faire de nous, à l'aube de la quarantaine, des gens bien "rangés".
Sauf que nous ne sommes pas du tout, mais alors pas du tout, "rangés", et que nous n'avons aucune idée de comment nous allons nous "arranger".
Le logement, les factures, les impôts, l'essence, le jardin d'enfants, tout cela coûte tellement d'argent, que nous avons vraiment du mal à survivre. Et encore, nous avons de la chance d'être aidés de temps en temps par les parents, mais, croyez-nous, monsieur le Premier ministre, nous aurions de loin préféré ne rien leur demander, d'autant que ce n'est pas toujours facile pour eux non plus.
Je ne suis le porte-parole de personne, mais nous partageons tous, que nous soyons de droite ou de gauche, le même sentiment : nous n'en pouvons plus. Chacun a son histoire, et je me permets de vous suggérer quelques lignes directrices qui pourraient permettre un début de changement.
1° J'aurais souhaité la création d'un organisme indépendant et sérieux qui prenne en charge le problème du logement. Il ne s'agit pas seulement du montant des loyers, mais aussi de la manière dont on construit dans ce pays, en prenant en compte les besoins spécifiques à long terme des jeunes couples, tout en respectant l'environnement.
2° J'aurais souhaité que l'enseignement soit de bonne qualité et vraiment gratuit. Comprenez bien, Monsieur le Premier ministre, nous touchons là à ce qu'il y a de plus important à nos yeux. Nos enfants doivent bénéficier des meilleures infrastructures, c'est pour cela que nous nous démenons chaque jour, chaque mois. Et lorsque je dis "enseignement gratuit", j'inclus les jardins d'enfants et les garderies. Donnez-moi une bonne raison, Monsieur le Premier ministre, pourquoi l'Etat devrait prendre en charge l'éducation de mon fils de 3 ans et pas celui de mon fils de 2 ans ? Les mamans ont également le droit d'aller travailler, et c'est à l'Etat de prendre en charge l'éducation des enfants.
3° Afin de prendre soin des enfants, il faut augmenter les salaires des enseignants, des travailleurs sociaux, des policiers et des médecins. Et par la même occasion, on pourrait baisser les salaires complètement fous des hauts-fonctionnaires qui gagnent 100.000 shekels, sans aucune justification. 30.000 shekels seraient amplement suffisamment.
4° Et puisqu'on parle des médecins, j'aurais souhaité la réhabilitation du système de santé. Il n'est pas logique que je paye 500 shekels par mois à l'Assurance nationale et que je doive ajouter 250 shekels pour une complémentaire, parce que ma caisse de maladie ne couvre pratiquement rien. Et lorsque je parle du remboursement des soins de santé, j'y inclus aussi les soins dentaires. Pendant des années, j'ai pris des antidouleurs, parce que je n'avais pas 5.000 shekels pour me faire soigner les dents. Et il y a des milliers de personnes dans mon cas.
5° Concernant la "guerre du cottage", il devrait y avoir un lien logique et proportionnel entre le coût de la vie et le salaire moyen. Il n'est pas acceptable de payer 2.000 shekels d'essence par mois, 1.000 shekels de factures diverses, 2.000 shekels au supermarché et 4.000 shekels de loyer lorsque le salaire moyen est de 7.500 shekels. On ne peut pas vivre ainsi.
6° Les ultra-orthodoxes doivent travailler et cela pour 3 raisons : car je ne peux plus les subventionner, car ils vivent dans une misère épouvantable et que la poursuite de cette situation incite à la haine, ce qui nous rend très malheureux. Et ils devraient également faire l'armée ou tout au moins le service national civil afin de donner à l'Etat ce que j'ai donné, moi aussi à Israël. Donnez-moi, Monsieur le Premier ministre, une seule raison pour laquelle cela ne devrait pas être le cas.
7° J'aurais souhaité qu'il y ait dans ce pays beaucoup moins de centres commerciaux et plus de parcs, que toutes les plages soient publiques et gratuites, que les usines n'assèchent plus la Mer morte et que les industries de la baie de Haïfa n'émettent plus de substances cancérigènes. Bref, j'aurais voulu, Monsieur le Premier ministre, que vous préserviez mon pays, car je n'en ai qu'un, il s'appelle Israël.
8° Je ne veux pas d'un appartement dans les tours Akirov de Tel Aviv. Je ne veux pas d'une villa à Césarée. Je ne veux pas voyager en première classe, je ne veux pas faire de shopping sur le Kikar Hamédinah. Je rêve d'un 3 pièces dans un moshav, de 3 enfants, de 2 chiens, de bougainvilliers tout cela avec mon homme.
C'est tout.
Nos pensées, vont ce soir, à Guilad Shalit otage français, détenu depuis 1872 jours par le Hamas. Ses parents sont toujours sans nouvelles. Les visites, même celles de la Croix-Rouge, lui sont interdites…Marc Femsohn
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