Armées. Un rapport qui dénonce des complaisances vis-à-vis de l'islam
“Dérives graves” en Afghanistan
Frédéric Pons le jeudi, 20/01/2011
dans Valeurs Actuelles
Le “padre” du 2e régiment étranger de parachutistes livre un compte rendu de mission explosif. Sa hiérarchie a demandé son départ de la Légion.
Grand sportif devant l’Éternel (il totalise plus de 1 000 sauts en parachute), d’un humour ravageur et très proche de ses ouailles en uniforme, Benoît Jullien de Pommerol ajoute à ses qualités de “padre” (nom traditionnel des aumôniers dans les armées) celle d’une grande franchise.
Aumônier en Afghanistan de janvier à juillet 2010, il a observé des « dysfonctionnements importants qui ont conduit à des dérives graves ».
Son témoignage courageux confirme ce que tant de militaires disent en off mais qu’il est difficile de diffuser pour ne pas faire le jeu des talibans. Familier des troupes d’élite (il servit aussi au 1er régiment de chasseurs parachutistes), titulaire de huit opérations extérieures (dont trois en Afghanistan) mais aussi féru d’histoire militaire et religieuse, cet abbé “fana-mili” n’est pas du genre contemplatif.
Son rapport montre qu’il n’a pas hésité à remettre en question des ordres jugés contraires aux valeurs à défendre – d’autres militaires avant lui furent confrontés à ce cas de conscience. « L’Église se meurt du silence des prélats, disait sainte Catherine de Sienne. Si je me tais, je raccroche les gants », dit-il.
Ce rapport n’avait pas vocation à être diffusé mais il a “fuité”, sans doute parce qu’il traduit ce que ressentent les gens du terrain.
C’est donc en toute responsabilité que nous en publions des extraits. Lire ici l’intégralité du rapport du père de Pommerol, dont voici des extraits :
« Il y a des occasions où “fermer sa gueule”, comme on dit en jargon militaire, est parfois coupable. Il me semble être dans une de ces situations. Il ne s’agit pas de “flinguer tout ce qui bouge”, mais plus de sonner le tocsin. Il y a en Afghanistan une volonté de l’armée française de créer un état d’esprit tout à fait déférent et bienveillant face à l’islam. Une crainte presque servile de déplaire à l’islam.
Les informations, consignes et règles de vie qui nous sont données sont parsemées de détails visant à surtout respecter la République islamique d’Afghanistan dans ses coutumes et ses lois. Ces consignes ne seraient jamais données en France car elles choqueraient les mentalités. Mais sous le prétexte qu’“ils sont chez eux”, nous assistions à une démission de l’intelligence, une trahison de l’esprit, un bannissement effrayant de la conscience… Ce qui est mauvais ici devient-il bon 7 000 kilomètres plus loin ?
Et toujours ce même argument sans cesse avancé : “Ils sont chez eux.” Cette base à toute discussion venait interdire totalement et définitivement la possibilité d’évaluer la pertinence, le bien-fondé, la valeur morale ou même la perniciosité de certains usages des habitants de ce pays, et nous obligeait à les regarder de manière neutre, voire bienveillante, puisque nous devions y souscrire en ayant une conduite conforme à ces usages… L’aboutissement de tels comportements s’apparentait beaucoup, chez certains, au “syndrome de Stockholm”.
Me désolant, lors d’une patrouille, de voir une fillette de 10 ans accompagnée de son mari qui devait en avoir 50, j’eus comme réponse le fameux argument : “Ils sont chez eux.” Or jamais cette personne ne m’aurait répondu cela en “temps normal”. Mais, l’esprit embourbé dans l’obligation impérative de respecter la République islamique d’Afghanistan, ses coutumes et ses lois, elle s’interdisait toute critique et toute opinion… Il est évident que cette personne était choquée de voir cela, mais la conscience reformatée pour les six mois de mission, elle ne s’autorisait pas un jugement sur ce que le bon sens commun appelle d’ailleurs de la pédophilie.
Une autre fois, ce fut une mère de famille, à terre, massacrée à coups de pied par son mari devant leurs enfants (les petits garçons seulement) qui poussaient des cris de joie à chaque fois que le coup portait à la tête. Évoquant le soir à table cet épisode qui avait marqué plus d’un soldat assistant à la scène, toujours cette même réponse, cette fois un peu désabusée : « Oh, écoutez Padre, ils sont chez eux… »
Ces comportements qui, en France, seraient qualifiés de “non-assistance à personne en danger”, sont le résultat de ces fameuses consignes, mais aussi du comportement de certains chefs qui obligent, par la conformité due à l’exemplarité instituée du chef, à un certain mimétisme, voire à une surenchère, et cela jusque dans les détails…
Les militaires féminins devaient avoir les bras couverts sur le terrain… Dans le cadre des actions humanitaires menées par l’armée française, des tapis de prière sont distribués dans les villages (si les Français savaient que leurs impôts servent aussi à cela…).
Nos chefs militaires et politiques ont écrit que la victoire ne serait pas militaire. La conclusion des Afghans est que nous avons donc perdu militairement. Nous sommes des vaincus. Et parallèlement, nous essayons, dans leur vision, de les acheter, ou d’acheter la paix, à coup d’euros ou de ponts, de routes, d’écoles, de couvertures, de tracteurs, etc. Ils nous dénigrent comme vaincus, et nous méprisent comme corrupteurs.
Ces erreurs viennent aussi de la méconnaissance, de notre part, des écrits sur lesquels se fondent les talibans pour nous combattre. Il suffit de lire le Coran, la charia, pour comprendre la teneur du danger. Nous ne voulons pas le faire, nous retranchant derrière les sempiternels arguments de traduction, de version ou d’interprétation.
Un autre épisode douloureux, très douloureux, touche aux dernières volontés de soldats français, bafouées par l’autorité. Lors de l’enterrement du caporal Hutnik, le premier mort de notre Task Force, de nombreux maleks et autres dignitaires locaux étaient présents à la prise d’armes. Tous sont restés assis, discutant et plaisantant durant la cérémonie.
À la fin de la prise d’armes, plusieurs légionnaires et sous-officiers sont venus me voir pour « me confier une mission », me disaient-ils : « Padre, si on meurt ici, on ne veut pas de ces gens à notre enterrement, notre vie, on la donne à la Légion, mais notre mort, c’est entre nous. » Ils me précisaient que le dernier moment, le dernier adieu, devait se passer au milieu de leurs frères d’armes, pour être porté, salué, pleuré par eux, mais qu’il ne fallait pas de spectateurs.
Parmi eux se trouvait le sergent Rygiel, mort quelques semaines plus tard lors d’une attaque de talibans. Immédiatement, alors que je suis encore devant son corps sur le terrain, des légionnaires viennent me voir et me disent : « Padre, il ne voulait pas d’Afghans à son enterrement, il ne faut pas qu’ils soient là pour la prise d’armes. » Je vais donc voir le chef de corps qui me dit qu’on ne peut répondre à pareille demande car il ne veut pas prendre le risque de perdre « les avantages acquis avec cette population depuis tant d’années de présence de l’armée française ». Les gars étaient dégoûtés.
Sur le terrain, nous donnons, construisons, finançons, aidons, tout cela avec bienveillance et sourire, pendant qu’eux trichent, volent, mentent, truandent, tuent et nous prennent pour des moins-que-rien. Ainsi, ne pas les accepter à l’enterrement leur aurait montré qu’il y a des limites et que nous ne voulons pas d’eux, qui coopèrent, avec femmes et enfants, au combat mené contre nous. Cet épisode s’inscrit, non pas dans le devoir du militaire d’observer les lois et les règlements, mais, comme beaucoup de faits évoqués, dans la volonté de s’ingénier à trouver sans cesse de nouvelles occasions de mieux s’engluer dans la soumission à l’islam en espérant plaire au système, et à des gens qui nous détestent.
Ainsi donc, à force de vouloir s’adapter, d’en rajouter, de surenchérir dans l’asservissement à l’islam et le « cirage de babouches », comme disaient des légionnaires, nous en arrivons à l’affaire du voile.
Le lundi 22 mars 2010… j’ai rencontré la sergent-chef A. R., avec la tête recouverte de son chèche, ne laissant paraître que l’ovale de son visage. Interloqué, je lui ai demandé pourquoi elle portait ainsi son chèche. « C’est un ordre », me répond-elle. Estomaqué, je lui demande des précisions, et elle m’explique que le chef du bureau opérations, la voyant tête nue (comme le sont tous les personnels), lui a demandé de se couvrir, expliquant que cela choquait les Afghans de la voir ainsi.
Le voile en Afghanistan est une obligation religieuse, et les femmes afghanes musulmanes sont donc tenues de le porter. Le problème est que la sergent-chef A. R. n’est pas une femme afghane musulmane, mais une soldate française, et qui plus est baptisée.
Le fait d’imposer un usage de la religion musulmane à une personne qui n’est pas de cette religion et qui le refuse porte atteinte à sa liberté. Liberté religieuse, car elle est obligée par un ordre d’agir contre sa foi. Liberté de conscience, car elle se voit forcée de cautionner et d’encourager cette pratique en montrant que même des militaires français l’imposent à leurs personnels féminins… »
Document présenté par Frédéric Pons
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