Quel était l’ingrédient manquant à Sharm el Sheikh, celui qui aurait pu garantir un sommet réussi ?Celui qui par exemple a permis de conclure un accord de paix avec l’Égypte ?Ou même celui qui a brièvement redonné l’espoir à Oslo, et en a fait un sommet euphorique à défaut d’un brouillon de résolution fiable du conflit ?
Ce que les sourires de circonstances n’ont pu cette semaine cacher c’est l’absence d’optimisme que donnent les décisions et les choix assumés. Personne n’à oser nier que la défiance entre dirigeants israéliens et palestiniens a atteint des sommets.
A l’exception de Barack Obama, poussé par une féroce pression électorale et à la recherche d’un succès politique hors de ses frontières, les dirigeants présents ont fait à reculons la navette de Washington à Jérusalem en passant par l’Egypte.
Après 17 ans d’ambitions déçues, la volonté et l’espoir de conclure une entente s’est renforcée, mais scepticisme rend les concessions nécessaires difficiles
Côté israélien, l’échec d’Oslo pèse encore lourd sur le cœur de la population juive, ébranlée par deux intifadas meurtrières et un désengagement unilatéral de Gaza sans autre résultat que des tirs de missiles continus du Hamas.
Le dernier gel des constructions juives de Judée Samarie décidé par Benyamin Netanyahou, n’a fait que braquer davantage son électorat de droite. Un moratoire imposé par l’administration américaine qui n’a pas réussi à assouplir la position de Ramallah.
Côté palestinien, les pressions successives de Washington et Bruxelles sur Jérusalem ont à tort convaincu les palestiniens, qu’il leur suffit d’attendre.
Que le temps ne peut que renforcer le soutien occidental à leur égard, et suffira peut-être à faire plier l’état juif. Sans compter qu’aujourd’hui Mahmoud Abbas n’a pas de base politique suffisamment solide pour faire accepter le moindre renoncement à l’OLP.
La jeune garde du Fatah guette le moindre geste de faiblesse pour crier halte à l’usurpateur, et faire basculer un homme usé et sans crédibilité démocratique de son poste de président d’une autorité palestiniennes ébranlée par les luttes fratricides.
Le partenaire pour la paix poussé en avant par Washington n’est pas seulement soumis à une radicalisation de son parti, aux accusations de traîtrise d’un Hamas toujours populaire, mais aussi à l’avis d’une ligue arabe dont le conflit israélo palestinien reste le principal moyen de repousser l’implosion d’un monde musulman plus que jamais divisé
La presse étrangère souligne régulièrement la fragilité de la coalition gouvernementale de Netanyahou mais le leader de droite israélienne a tout de même obtenu le soutien de son parti pour un gel des constructions juives en Judée Samarie, ce qu’Ehoud Olmert n n’a jamais osé imposer.
Reste qu’en Israël si l’opinion est prête pour la paix, les concessions nécessaires pour y arriver reste quasi inaccessible sans un partenaire de dialogue prêt à montrer sa volonté d’avancer dans une direction commune,
A Sharm el Sheikh, oui, comme s’est plus à souligner Hillary Clinton, les dirigeants ont parlé de tout ; mais sans s’entendre sur rien.
Et si mieux vaut parler de paix que préparer la guerre, c’est à l’heure des négociations que les services de renseignement israéliens sont plus que jamais sur leurs gardes.
Car le seul qui a choisi sa voie à l’heure de ce dialogue surmédiatisé, est le Hamas. Pour le mouvement islamiste l’option politique ne semble plus être d’actualité, en témoigne si besoin les tirs et attentats terroristes de ces dernières semaines.
A choisir entre la mollesse de Ramallah et la Téhéran la combative, les islamistes ont fait leur choix, mettant une croix sur leur réconciliation avec l’AP au profit d’un djihadisme plus rémunérateur et fédérateur.
Au profit aussi d’une identité qu’Abbas semble peiner à trouver pour son Etat palestinien à l’avenir incertain.
Ce qui explique sans doute aussi pourquoi il refuse d’accorder le titre de juif, à cet Etat dont le peuple et le territoire sont ancestralement liés.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, aux mains des terroristes du Hamas depuis 1545 jours. Espérons qu'il pourra rapidement retrouver ceux qui l'aiment et qui souffrent de son absence.
Myriam Danan
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