Interdire la burqa en France. En attendant la loi.
Au lendemain d’élections régionales qui n’ont pas donné un satisfecit à l’action politique du gouvernement français, le Président Sarkozy a souhaité rappelé les principes fondamentaux qui doivent guider son action. Il n’a pas manqué de déclarer, employant à cette occasion un ton solennel, que le port de la burqa serait interdit, sur le territoire français. En attendant un texte législatif promis pour le mois de juin, un traditionnel débat est certainement nécessaire, il ne doit pas entraver toutefois l’urgence de légiférer sur l’interdiction. L’interdiction de la burqa ne doit pas non plus stigmatiser l’Islam de France, mais contribuer au contraire à saluer le courage de l’Imam de Drancy qui s’élève contre le port du voile intégral.
Le gouvernement français n’est pas tenté de légiférer pour répondre à l’impatience des électeurs du Front National qui se sont montrés plus nombreux encore aux élections régionales de 2010 qu’ils ne l’étaient en 2004. L’interdiction de la burqa est un principe commun à plusieurs législations européennes en cours de préparation.
Au Danemark, les institutions publiques sont chargées d’inciter à limiter le port de la burqa, tout comme aux Pays-Bas où les hommes politiques de droite et de gauche ne manquent pas d’imagination : les uns préconisent une taxe spéciale pour celles qui portent la burqa, les autres proposent de supprimer les indemnités chômage pour les femmes voilées qui refuseraient un emploi au nom de leur religion.
Parfois caricaturales, ces mesures ne contribuent pas à rassurer ceux qui craignent de voir s’affirmer une "radicalisation identitaire" et préféreraient que le législateur se soucie de la dignité de la femme. Cette semaine, la Belgique s’est engagée dans la voie législative vers l’interdiction de la burqa, comme volonté de bannir un signe de soumission, qui ne relève d’ailleurs pas de commandements religieux musulmans mais des traditions wahhabite ou pachtoune, antérieures à l’avènement de l’Islam.
Dans les rues de Paris, cet accoutrement, ce vêtement qui dissimule les femmes, suscite la méfiance voire le sentiment de peur. Déféminisées, celles qui portent le voile intégral sont aussi déshumanisées en ce sens qu’elles annihilent la relation à l’autre, ou plutôt leur relation aux autres. "Il n’y a pas de visage du vêtement en occident, rappelle Elisabeth Badinter, et si on laisse le voile intégral se banaliser, il deviendra l’uniforme de la suprême pureté"…, l’étendard bien visible de l’offensive intégriste qu’il faut combattre au nom de la dignité humaine.
Mépris pour la fraternité, le contact avec autrui, la réciprocité, la burqa exprime aussi le refus du pacte social qu’offre la République. Porter la burqa, ce n’est pas seulement ignorer l’intégration, c’est aussi s’opposer aux principes fondamentaux de la République pourtant garantes de la liberté de culte, quels que soient les cultes.
Certains responsables politiques français sont partisans d’une loi d’interdiction, tandis que d’autres craignent de stigmatiser la majorité des musulmans qui sont modérés pour la très grande majorité d’entre eux, en pointant du doigt une pratique radicale, volontiers associée aux problèmes dramatiques que sont l’excision ou la polygamie.
Il ne suffit pas que la société s’exprime. Les projets de loi proposés par les politiques doivent maintenant être soumis au vote des parlementaires. L’interdiction du port du voile dans les écoles publiques ne règle en aucun cas le problème que génère le port du voile intégral. Les femmes fantômes qui font l’image d’un Afghanistan bien triste, brûlées à l’acide, lapidées, interdites d’école, n’ont pas leur place en France.
Ce soir, nos pensées vont vers Guilad Shalit, otage du Hamas, soldat de Tsahal et citoyen français, privé de l'amour de ses parents depuis 1377 jours
Guy Senbel.
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