L’antisémitisme n’est pas mort
Elle est même bien vivante la bête immonde, celle qui extermina six millions de Juifs et qui depuis bouleverse l’histoire. En Europe de l’Est, il y a 65 ans, tandis que les camps étaient libérés à mesure des avancées des Alliés, les Allemands inventèrent le dernier chapitre du supplice qu’ils initièrent contre les Juifs, les marches de la mort destinées à tuer jusqu’au dernier des témoins des six millions de morts.
La Shoah a montré le bout de l’horreur, la monstruosité de la haine absolue contre un peuple rendu coupable de tous les maux de l’humanité, depuis les épidémies, les famines jusqu’à la guerre dont les Juifs furent les premières victimes.
La prise de conscience de "la catastrophe juive" est en marche depuis 1945. A peine dévoilé, l’univers concentrationnaire est devenu un thème majeur de recherche et de réflexion. La littérature, le cinéma, l’édification d’espaces dédiés à la mémoire ont permis à cette période si sombre de résister au temps et aux tabous.
Le sujet n’en est pas moins sensible, parce qu’il pose la question de la collaboration, mais aussi celle de l’indifférence et de la responsabilité. Les plus grands ont dit la honte de l’antisémitisme. Les conscients l’ont interdit, jusque dans la loi.
Pourtant, l’antisémitisme résiste. Mercredi 27 janvier, journée internationale de la mémoire de la Shoah, le cimetière juif de Strasbourg était profané. Croix gammées et inscriptions nazies sur d’anciennes tombes juives alsaciennes. La veille, un membre du clergé polonais relativisait l’importance de l’Holocauste, renouant avec les sordides sermons du cardinal polonais Jozef Glemp, tandis que le maire socialiste de Montpellier Georges Frêche trouvait que Laurent Fabius, d’origine juive, n’a pas une "tête très catholique"…
L’Europe n’est pas seule à entretenir ces haines diabolisantes. En Turquie par exemple, Erdogan est accusé d’employer un langage favorisant l’antisémitisme, et de favoriser une opinion publique hostile à Israël. L’intervention militaire israélienne à Gaza aurait tout changé. Les Turcs n’auraient pas supporté qu’Israël cherche à se défendre des pluies de missiles tombées pendant neuf ans. Halte à la disproportion… En Iran, Ahmadinejad persiste et signe. Israël doit disparaître. Un jour ou l’autre. Sur les traces d’Adolf Hitler qui appelait à la destruction de la "race juive", le Président iranien prédirait la fin d’un pays, imaginé par ses idéologues et pères fondateurs comme la première et essentielle réponse à l’antis& eacute;mitisme.
Alors oui, d’une certaine manière, les attaques douloureuses lancées contre Israël font oublier cette mission-là, première et essentielle : une terre pour les Juifs massacrés. Par deux fois en Europe, on tenta de les supprimer. Israël n’est pas une réponse arrogante à la haine des antisémites. C’est la terre des Juifs, légalement, pour la communauté des nations depuis à peine plus de soixante ans. L’antisémitisme ne s’importe pas en Europe avec le conflit israélo-palestinien.
Les rapports d’étude sur l’antisémitisme montrent que la première décennie du 20ème siècle n’aura pas rompu avec les logiques d’émissarisation des Juifs, ni avec la violence antisémite ordinaire. Au contraire, la haine des Juifs est en hausse. Les chiffres sont là. L’instrumentalisation politique aussi.
L’antisémitisme est une épidémie de l’esprit, une abomination intellectuelle, une plaie morale. Ne l’oublions pas. Sinon, toutes les mauvaises questions pourraient ne jamais trouver de réponse. L’une d’elle brûle la langue. Si Guilad Shalit n’était juif, serait-il déjà libre ?
Otage du Hamas depuis 1314 jours, citoyen français et soldat d’Israël, ce soir, nous pensons à lui.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
Si vous désirez exprimer votre avis cet article ou sur toute autre partie du site n'hésitez pas à le faire par le biais de l'adresse ci-dessous:
[email protected]
Les commentaires récents