Netanyahou, des pressions sur un homme tranquille.
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur la tournée européenne du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Malgré l’image inchangée de faucon, d’irréductible homme de droite dont la presse souligne les accents menaçants, Benyamin Netanyahou « l’encombrant » a été reçu à Rome comme à Paris dans une atmosphère chaleureuse et amicale.
La ferme demande de la France de « geler les colonies » suit l’injonction faite à Israël par l’administration américaine de créer les conditions pour la création d’un Etat palestinien, dans les tous meilleurs délais. Face aux multiples pressions qu’il subit, Netanyahou continue de faire preuve de sérénité et d’optimisme.
Rarement, la pression aura été aussi forte sur un chef de gouvernement israélien. La sécurité d’Israël n’est plus un argument. Il ne s’agit plus de négocier la création d’un Etat palestinien, le principe en est définitivement acté par les puissances occidentales. Il s’agit de convaincre les alliés d’Israël du bien fondé de certaines conditions à la création d’un Etat palestinien.
La reconnaissance du caractère juif de l’Etat d’Israël par ses voisins arabes et les Palestiniens, premiers sur la liste. La nécessité de créer un Etat démilitarisé. La question de la croissance naturelle dans les implantations de Judée et Samarie, reconnue par la précédente administration américaine ; celle insupportable et mythique de la libération de Guilad Shalit, otage du Hamas depuis trois ans.
Nicolas Sarkozy a également demandé au Premier ministre israélien de faire des gestes destinés à créer la confiance avec les Palestiniens. L’amélioration des conditions de circulation des Palestiniens demandée par Paris est en cours. Il y a quelques mois encore, la Judée et la Samarie comptaient 35 barrages. Il en reste dix. Washington et Paris ne s’en contentent pas mais apprécient. Et Jérusalem attend maintenant un signe fort du Président de l’Autorité palestinienne.
Les déclarations de Netanyahou sur l’intérêt commun de construire la paix sont assorties de solutions concrètes qui répondent à l’exigence américaine de geler les constructions dans les villages juifs de Judée et Samarie. Le premier ministre israélien propose, pour éviter d’augmenter la superficie des implantations, de construire des étages supplémentaires aux immeubles, respectant ainsi le principe du « gel territorial ».
Cette solution, destinée à résoudre partiellement la crise du logement qui existe dans de nombreuses implantations en Judée et Samarie, devrait rassurer les Palestiniens. La décision d’empêcher les « implantations sauvages » devrait rassurer les Américains.
C’est au cours du voyage de Netanyahou en Europe que les relations se sont tendues entre Israël et les Etats-Unis. La rencontre prévue jeudi 25 juin avec George Mitchell, émissaire américain pour la paix au Proche Orient, a été annulée. Ultime pression d’Obama qui signait ainsi le mécontentement de Washington où « Bibi » ne sera pas le bienvenu tant que le gel complet des implantations ne sera pas décrété, et il faut le croire, tant que le démantèlement de certaines implantations ne sera pas programmé.
L’acharnement des Etats-Unis ne semble pas prêt de fléchir en effet, tant la Maison Blanche est convaincue que l’Etat palestinien entraînera la région dans la voie de la paix. En outre, Obama n’apprécie pas les discours israéliens sur la menace iranienne, surtout quand l’actualité donne tort à Ahmadinejad.
Face aux pressions, Netanyahou devra rester placide. Sur cette lancée, son gouvernement devra très bientôt s’intéresser par exemple au nouveau plan de paix israélo-syrien concocté par Obama, basé sur une démilitarisation du plateau du Golan et sa transformation, avec un territoire le long de la vallée du Jourdain, en réserve naturelle qui sera baptisée « Parc de la Paix »… Washington a pris la décision d’envoyer un ambassadeur à Damas.
Aux Etats-Unis, la politique étrangère au Moyen Orient décidée par le président Obama est sujette à de très nombreuses réserves. La gestion de la crise iranienne lui est reprochée par les Républicains, qui n’apprécient pas le crédit sans garantie accordé au « monde arabe »… Cette semaine aura été marquée par un regain de violences en Irak, des crises qui se poursuivent en Iran, en Afghanistan, au Pakistan où les talibans rêvent de nucléaire.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, otage du Hamas depuis trois ans et deux jours.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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