La drôle de trêve
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur la « drôle de trêve » qui règne à Gaza depuis l’instauration du cessez-le-feu le 18 janvier. Malgré une accalmie d’une semaine, Israël continue d’être la cible des tirs de missiles en provenance de Gaza. Ce regain de violence est l’expression de la volonté du Hamas de ne respecter qu’un « cessez-le-feu partiel », comme l’a confirmé un leader du mouvement terroriste, Mushir al-Masn, en réaction à l’explosion d’une bombe au passage d'un véhicule de patrouille de Tsahal près de la barrière de sécurité au niveau de Kissoufim vers 8h du matin, mardi 27 janvier.
Un officier a été tué, un autre soldat grièvement blessé et 2 autres plus légèrement. Tsahal confirme que la première violation palestinienne du cessez-le-feu s'est avérée meurtrière, comme l'avaient laissé entendre plus tôt les télévisions arabes.
Drôle de trêve, dont les violations sont préméditées et répondent à une stratégie que les nations occidentales, qui exercent une forte pression sur Israël, ne perçoivent pas encore.
En proposant de dialoguer avec le Hamas ou en imaginant un scénario aujourd’hui peu probable de constituer un gouvernement palestinien d’union nationale « Fatah – Hamas », la France et les Etats-Unis omettent un certain nombre de fondamentaux sur l’idéologie du Hamas et les objectifs politiques auxquels le mouvement terroriste n’a pas renoncé. La destruction d’Israël. La conquête du pouvoir. La chute du Fatah. La chasse aux Palestiniens modérés.
L’islam radical que le Hamas préconise devrait inquiéter plus d’un défenseur des Droits de l’Homme. D’ailleurs des voix s’élèvent pour dénoncer la supercherie, le bluff, mais aussi la responsabilité. John Holmes, le coordinateur humanitaire de l'ONU a accusé le Hamas d'avoir utilisé avec cynisme des civils comme boucliers humains lors du récent conflit dans la Bande de Gaza. Il a déclaré au Conseil de sécurité que ''l'utilisation cynique et imprudente d'installations civiles par le Hamas et le tir de roquettes contre des populations civiles sont clairement des violations du droit humanitaire international.''
L'Egypte n’hésite plus à accuser l'Iran, le Hezbollah et le Hamas d'avoir privilégié la confrontation au dialogue au Proche-Orient. Ils ont tenté ''de faire de la région un champ de bataille dans l'intérêt de l'Iran, qui cherche à jouer ses cartes pour échapper aux pressions occidentales sur le dossier nucléaire'', a déclaré le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit, mercredi 28 janvier, après le tir d’une roquette Qassam près du kibboutz Réim, dans le Néguev occidental. Il s'agissait d'une nouvelle violation flagrante de la trêve, à laquelle Israël a répondu par des raids aériens.
S’il apparaît évident pour les pays arabes modérés que le Hamas représente un danger pour la paix dans la région, la principale préoccupation des occidentaux n’est pas d’ordre politique mais humanitaire.
Pour Ban Ki Moon la semaine passée, comme pour l’émissaire américain au Moyen Orient, George Mitchell, c’est la problématique de la « crise humanitaire » qui prévaut.
Les Gazaouis ont été victimes d’un conflit entre le Hamas et Israël, qui subit de fortes pressions diplomatiques pour arrêter la guerre. Une guerre qu’Israël a déclenchée il y a un mois, mais qu’elle subit depuis huit ans, comme si les milliers de Qassams tirés sur le Néguev occidental n’étaient pas des actes de guerre, mais des actes de « résistance ». Les morts israéliens ne sauraient être comparés aux Palestiniens tués au cours des trois semaines de combats ? Et les tirs de Qassams seraient moins inquiétants que les ripostes d’Israël ?
Sur le plan politique, l'engagement de la communauté internationale à lutter contre le trafic d'armes à Gaza, est le principal succès de l'offensive israélienne. Le commandant de l'armée de l'air israélienne, le général Ido Nehoushtan, a estimé que ce résultat était plus significatif que l'atteinte physique aux tunnels de contrebande à la frontière égypto-gazaouïe. On comprend que les trafics peuvent reprendre.
L’opinion publique israélienne s’inquiète de cette « drôle de trêve », une trêve électorale voulue par ceux qui montaient dans les sondages, il y a deux semaines. L’opposition israélienne, donnée depuis le cessez-le-feu favorite dans les sondages, critique le gouvernement pour avoir mis fin «prématurément» à l'opération Plomb durci. « Israël n'a pas profité de sa victoire militaire pour renverser le gouvernement Hamas », a déclaré Youval Steinitz, précisant qu'il s'agissait d'une « grave erreur de stratégie politique ».
Israël s’inquiète aussi du sort de l’otage du Hamas, soldat de Tsahal, et dernier otage français. Drôle de trêve, sans échange de prisonniers.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, depuis 951 jours.
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