Messe de minuit à Bethléem: message de paix du Patriarche latin
Le Patriarche latin de Jérusalem a adressé un message de paix mercredi dans son homélie prononcée à l'occasion de la Messe de Minuit à Bethléem, en Cisjordanie.
"La paix est un droit pour tous les hommes: c'est également la solution à tous les conflits et à tous les différends. La guerre ne produit pas la paix, et la sécurité", a dit Mgr Fouad Twal à l'Eglise franciscaine Sainte Catherine qui jouxte la grotte, où Jésus est né selon la tradition chrétienne.
"Ni l'agresseur ni l'agressé ne jouissent de la paix. La paix est un don de Dieu, et Dieu seul donne cette paix là (...) La paix soit sur tous les chercheurs de paix", a-t-il encore dit.
Les pèlerins revenus par milliers ont redonné espoir à Bethléem qui avait subi de plein fouet les contrecoups de l'Intifada (septembre 2000) avec l'éloignement des touristes plusieurs années durant.
Mais le conflit est encore bien présent. Les visiteurs pénètrent dans la ville par un des points de passage du mur de séparation de huit mètres de haut érigé par Israël en Cisjordanie.
"C'est très particulier d'être à Bethléem le jour où l'on célèbre Noël, c'est un moment très émouvant", confie Eduardo Robles Gil, un prêtre mexicain venu en pèlerinage avec sa famille.
Un défilé de scouts au son des flûtes, tambours et cornemuses, a donné le départ des festivités sur la Place de la Mangeoire, face à la basilique de la Nativité, alors que le Patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal en fonction depuis juin dernier, faisait son entrée solennelle dans la ville en tête d'une procession partie de Jérusalem.
Le Président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre Salam Fayad figurent parmi les personnalités attendues pour les festivités, dont le point d'orgue sera la messe de minuit dans l'Eglise Sainte-Catherine qui jouxte la basilique de la Nativité.
Aux abords de la place de la Mangeoire, au centre-ville, les marchands de souvenirs sont aux anges. Icônes, rosaires, chapelets, crèches en bois d'olivier et autres objets religieux se vendent comme des petits pains.
Les habituelles décorations de Noël - guirlandes de lumières, sapins en plastique, fausse neige et pères Noël gonflables - donnent un air de fête à la ville.
Elsa Marie Kierkegaard, une Danoise convertie au catholicisme il y a cinq ans, semble un peu déconcertée par toute cette agitation commerciale. "C'est comme un grand marché", dit-elle.
Mais elle n'en reste pas moins enthousiaste à l'idée de participer ce soir à la messe de minuit, juste à quelques mètres du lieu où Marie aurait mis au monde l'enfant Jésus, selon les Evangiles.
Les responsables palestiniens attendent quelque 12.500 visiteurs pour la seule soirée de Noël. Pour l'ensemble de l'année 2008, le nombre de touristes à Bethléem a déjà dépassé le million, soit un niveau comparable à celui de l'an 2000, et les hôteliers affichent complet.
Le retour des touristes est bienvenu pour les quelque 185 000 habitants de la région de Bethléem dont l'économie a largement souffert de la deuxième Intifada. Le taux de chômage qui était de 45 % en 2002-2003 est d'ailleurs tombé cette année à 23 %.
Le patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal qui conduira ce soir la messe de minuit a sévèrement critiqué la construction du mur de séparation, les nombreux barrages érigés en Cisjordanie et la situation à Gaza.
"C'est avec douleur et profonde tristesse que nous constatons combien de civils sont bloqués, combien de murs et de barrières sont dressés, créant violence et humiliation, générant rancune et haine", a-t-il souligné mardi, lisant son message de Noël à la presse, à Jérusalem.
A Gaza, la messe de minuit a été célébrée à 18h00 (16h00 GMT) par le père Manuel Moussalem pour protester contre le blocus israélien du territoire et les violences.
"Nous prions pour la paix et pour que cessent le blocus et le siège (ndlr/ imposés par Israël) à la bande de Gaza, et nous demandons au monde d'aider les Palestiniens", a-t-il déclaré devant quelque 200 fidèles.
Un groupe de 300 chrétiens palestiniens de Gaza a été autorisé mercredi à célébrer Noël en Cisjordanie, pour une période d'une semaine, selon un porte-parole de l'armée israélienne.
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