Gaza, la grande alerte
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’urgence de la situation provoquée par les organisations terroristes dans la bande de Gaza. Des centaines de missiles et d’obus de mortiers ont été tirés ces derniers jours sur le Néguev occidental et le nord de l’enclave côtière, frappant la ville Ashqelon. Pour des dizaines de milliers de personnes, la vie au bord des abris est devenue dangereuse. Et le Hamas continue de menacer d’étendre son « cercle de feu » plus profondément à l’intérieur d’Israël. Le gouvernement israélien semble avoir pris la mesure d’un danger immédiat et affirme qu’il n’a plus d’autre choix que d’intervenir si les tirs se poursuivent…
C’est même un dernier appel que le Premier ministre israélien a lancé aux Gazaouis, affirmant dans une interview à la chaîne « Al Arabya », très regardée à Gaza, qu’il n’hésitera pas à « utiliser la puissance d’Israël pour frapper le Hamas et le Djihad islamique ». Dans son adresse aux habitants de Gaza, Olmert rappelle sur un ton volontiers moralisateur que « ce que fait le Hamas est en totale contradiction avec l’esprit de l’Islam », et « constitue la première raison de vos souffrances et des nôtres. Je vous le dis dans un dernier appel : arrêtez cela ! Vous les habitants de Gaza, vous pouvez l’arrêter. »
Sont-ils capables d’entendre un tel discours ? Les Gazaouis sont harcelés par une propagande politique qui accable les « Sionistes » de tous les maux, pointant la menace de leur « retour » à Gaza ; le Hamas et le Djihad Islamique assènent des mensonges utiles à une population usée par les violences et les privations, tandis que l’islamisation se poursuit. Obligatoire, le port du voile, interdits les Cafés Internet. Et demain Gaza s’oriente vers une application de la loi islamique.
En rappelant « qu’Israël a quitté Gaza il y a trois ans, avec l’intention de ne pas y revenir », le Premier ministre veut faire entendre aux Gazaouis qu’une autre voie est possible. L’indépendance territoriale acquise à la suite du désengagement de Gaza constituait un cadre propice à l’indépendance nationale, elle aura essentiellement contribué à exacerber les violences entre les factions palestiniennes. Depuis, le Hamas a éliminé et interdit toute forme d’opposition.
Sans le Hamas, une autre « trêve » est possible.
Car la trêve ne peut convenir à une organisation comme le Hamas. Elle suppose une normalisation des relations avec l’ennemi, une position intenable pour une équipe dirigeante qui tire sa légitimité de la lutte à mort qu’elle préconise contre Israël. Le Hamas ne peut abandonner sa posture de « résistant » et prendre le risque d’être débordé par des organisations comme les Brigades de Saladin, la branche armée des Comités de Résistance Populaire, ou les Commandos Al Qods.
Malgré l’intensification des tirs de missiles et d’obus, l’Etat hébreu a fait montre d’une singulière retenue. Mercredi 24 décembre, un raid israélien a touché un groupe de terroristes qui venaient de tirer un obus de mortier vers Israël. La veille, l’armée israélienne avait tué trois hommes du Hamas alors qu’ils posaient des explosifs devant les barbelés délimitant la frontière avec Israël.
Tsahal s’est contenté d’empêcher certaines actions terroristes.
Les habitants de Sdérot en sont toujours les premières cibles. Leur vie quotidienne est à nouveau devenue insupportable. Pourtant, si « le cauchemar revient » comme le crie une commerçante sans âge qui n’a plus la force de courir quand retentit l’alerte rouge, se développe un esprit de résistance hors du commun. « Si Sdérot tombe, c’est Israël qui tombe. Alors nous résistons » lancent des passants qui scrutent le ciel en permanence et regardent les journalistes dans les yeux.
Les Israéliens ont compris que « Sdérot ne doit pas tomber »… La question d’une intervention à Gaza est peut-être la seule solution aujourd’hui, pour une vaste majorité d’entre eux. L’enjeu n’est plus politique, mais national. Même le parti « Meretz » qui se situe à la gauche du Parti travailliste, et célèbre pour sa volonté de dialoguer avec les Palestiniens, affirme que le gouvernement doit employer « presque tous les moyens » pour faire cesser les bombardements.
Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne, se contente de qualifier la situation de « très difficile ». Les divergences sont profondes entre le Hamas qui accuse les membres du Fatah d’espionner des pays arabo-musulmans au profit d’Israël.
Médiateur légendaire entre Israël et le Hamas, l’Egypte appelle les deux parties à cesser l’escalade de la violence, et reproche à la Syrie de « faire pression sur le Hamas pour faire échouer le dialogue national palestinien ».
Longtemps refoulée par un gouvernement craintif et indécis, soucieux aussi d’aller dans le sens de la paix, l’intervention militaire israélienne provoquera certainement des tirs massifs de Qassams sur Israël, et pourrait éveiller des réseaux terroristes qui se trouvent en Judée et Samarie. Quant au Sud du Liban, outre ceux du Hezbollah, les missiles pointés vers Israël et repérés par la FINUL seraient selon Tsahal du ressort d’organisations palestiniennes opérant au sud du fleuve Litanie.
L’opération à Gaza risque de s’inscrire dans la durée, et de coûter cher en vies humaines.
Elle ne sera pas sans conséquence sur le sort de Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, retenu par le Hamas depuis 916 jours.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, l’otage de Gaza.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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