Parmi les bâtiments qui sont tombés entre les mains des terroristes figure le centre culturel juif Habad. Vendredi 28 novembre, le rabbin Gabriel Holtzberg et son épouse Rivka, qui dirigeaient ce centre à Bombay depuis 5 ans, ont été tués.
Les parents de la jeune femme sont arrivés en Inde dans la matinée du vendredi à bord d’un vol spécialement affrété par une association israélienne. Hébergés dans les appartements du Consul israélien en Inde, ils sont restés sans nouvelle de leur fille jusqu’au samedi soir.
Ce n’est qu’une fois la nuit tombée que le Consul a officiellement annoncé aux parents le décès de Rivka. Le jeune fils du couple, Moïshé, âgé de 2 ans a pu en revanche, grâce au courage de sa nourrice qui est parvenue à sortir du bâtiment avec l’enfant dans ses bras, être sauvé.
Face à une telle situation, le président du mouvement religieux Habad, Yosef Yitzhak Aharonov, a appelé Israël à accorder un visa permanent à Sandra Samuel, la nourrice de l’enfant. « J’ai parlé aux responsables indiens et je leur ai demandé d’arranger les procédures administratives. La demande a également émané de la famille du jeune garçon » a –t-il expliqué.
Une volonté facilement compréhensible quand on sait que les liens entre la femme indienne et l’enfant israéliens étaient, selon tous les témoignages, très forts. Selon la principale intéressée « tous les soirs, sa mère le couchait. A présent il est totalement perdu, il ne comprend pas ce qu’il se passe. C’était horrible à l’intérieur, il y avait des explosions partout, des tirs, ils ont essayé de me tirer dessus ».
Les images provenant du centre Habad ont attesté de l'ampleur du carnage. Le sol était jonché de rouleaux de la Thorah et de livres de prières rouges de sang, des traces de balles couvraient les murs, les bancs et tables étaient renversés. Au final ce sont neuf Israéliens ou Juifs qui trouvé la mort dans ces attaques. Six ont été identifiés, et l’identité de 5 d’entre eux a été révélée.
Outre le couple Holtzberg, le gendre d'un éminent leader hassidique à Jérusalem, Aryeh Teitelbaum, son ami Ben Tsion Kroman et Yohéved Orpaz figurent parmi les victimes. Cette dernière était âgée de 60 ans et était partie en Inde pour rendre visite à sa fille et ses petits-enfants qui excursionnaient dans le pays.
Afin d’accélérer le travail d’identification des trois victimes restantes, des légistes israéliens ont pris dimanche 30 novembre l’avion pour l'Inde. Au total, ce sont sept experts de la police en matière d'identification d'empreintes digitales, dentaires et d'ADN, ainsi qu'un médecin de l'institut médico-légal qui se rendront à Bombay.
Avec eux partira également le porte-parole de la Police ainsi qu’une délégation de rabbins qui s’assura que les corps soient traités selon la tradition juive. Ils devraient être réacheminés en Israël à bord d’un avion de l’armée de l’air.
Une fois les faits établis et les attaques passées, l’heure était aux réactions.
Dans une interview donnée à la télévision israélienne, le ministre de la Défense Ehoud Barak a déclaré que le but des terroristes était « de tuer, non de négocier ». Le ministre israélien de la Défense a ajouté qu'il s'agit d'une attaque « visant délibérément des ressortissants étrangers. Etre israélien engage à faire preuve de prudence partout dans le monde ».
Par ailleurs, il a affirmé que selon ses informations, les otages ont été ligotés avant d’être tués et que les femmes ont été exécutées les premières.
Le Premier ministre Ehoud Olmert a déclaré pour sa part qu’il espérait « ne plus revoir ces images ». « Les images des victimes juives et cette scène terrible des dirigeants du centre Habad drapés dans des Talit (châle de prière) nous ramènent à une époque de l'Histoire, que nous aurions aimé ne pas revivre. Il semble que la haine des juifs et des Israéliens ait motivé ces attaques », a ajouté le chef du gouvernement avant de préciser qu’il avait reçu un appel du Premier ministre turc.
Ce dernier lui a présenté les condoléances de son pays et s’est entretenu avec son homologue des moyens de lutter contre le terrorisme international. Dans le chagrin, quelques voix sont toutefois venues troubler l’unité. Des experts israéliens en matière de contre-terrorisme ont en effet critiqué l'action menée par les forces de sécurité indiennes à Bombay et notamment l'opération visant à libérer les otages retenus à l'intérieur du centre Habad de la ville.
Selon ces experts, en cas de prise d'otages, d'importantes forces de sécurité doivent pénétrer dans le bâtiment et atteindre les otages le plus rapidement possible. Or la libération du centre Habad a duré plus de douze heures.
Le quartier n'a été ni bouclé, ni évacué, ce qui démontre un manque de professionnalisme côté indien selon les experts israéliens qui ont tenu cependant à féliciter pour leur courage, les hommes des forces de sécurité indiennes.
Critiques non acceptables pour le ministère des Affaires étrangères qui ne veut pas porter atteinte à ses excellentes relations avec l’Inde.
« Nous sommes persuadés que les forces indiennes ont tout fait pour éviter que les otages et civils ne soient atteints. Les relations entre Israël et l'Inde sont fondées sur des ententes profondes et communes qui ont surmonté le cap en ces instants de crise », a ainsi déclaré Yossi Levi, un porte-parole du ministère.
De plus, si les autorités indiennes ont refusé l’aide israélienne durant les attaques terroristes, des sources sécuritaires ont indiqué qu’un responsable du ministère israélien de la Défense et un second du Shin Bet se sont envolés pour l'Inde pour apporter leur contribution à l'enquête sur ces attaques meurtrières.
Une polémique qui aura, très probablement, la vie longue, mais qui ne devrait tout de même céder la place au recueillement dans les jours à venir.
Les victimes israéliennes des attentats de Bombay seront en effet reconnues en Israël comme « victimes du terrorisme ». Ainsi en a décidé dimanche la commission ministérielle chargée des cérémonies officielles. Cette décision assurera l'aide de l'Etat pour les obsèques et des dédommagements pour les familles des victimes. |
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