Poème écris en 2005. Cette femme était là tous les matins! Assise en haut des escaliers du Métro Colonel Fabien là ou siège le Parti Communiste français. Nulle ironie dans cette description!
J'allais au bureau avec des projets de tracts, des réunions à préparer, des collègues à rencontrer, etc. La vie de tous les jours, du banal, du commun! Comme la plupart des français qui s'imaginent que ce qu'ils font est important voire fondamental!
Alors je la regardais sans vraiment la voir ou plutôt, je ne voulais pas la voir comme beaucoup qui s’apitoie sur la misère devant la télévision aux informations de 20 heures. Bien au chaud !
"La pauvre" disent les uns, "la pauvre elle n’a pas de chance" disent les autres! Et puis c'est le film et la couette! Demain il fera jour!
La plupart ne supporte pas la réalité de cette misère et nous la fuyons comme la peste! On ne sait jamais, c'est peut-être contagieux!
J'ai dû lui donner une pièce ou deux. Histoire de me déculpabiliser. Mais en fait que pouvais-je faire d'autre? J'en ai fait un poème!
Depuis 2006 je ne l'ai jamais revu!
La clocharde
Elle est assise et ne dit rien.
Ses yeux bleus regardent au loin
Elle est assise comme déposée
Assise en haut de l'escalier.
Elle attend.
Quoi ? Qu'est-ce que j'en sais?
Pas le temps.
Hier, et sans doute demain
Elle sera là dans le paysage
Elle sera comme une image
Elle ne dit toujours rien
Un petit gobelet à la main
Elle attend.
Vous, moi, les gens, chacun
Nous passons notre chemin
Que fait-elle là? Je ne sais!
Pourquoi est-elle là ?
Pas le temps.
Elle ne dit jamais rien
Son petit gobelet à la main.
Des chiffons sur le dos posés
Des chaussures aux pieds troués
Elle est assise comme déposée
En vrac en haut de l'escalier.
Des pauvres cheveux blancs
Entourent son visage émacié.
Quelques mèches collés
Sur un visage ridé
Combien de temps ?
Elle est si fatiguée.
Assise en haut de l'escalier
Sortie du Métro Fabien
Hier et sans doute demain
Un petit gobelet à la main
Elle attend.
Vous, moi, les gens, chacun
Nous passerons notre chemin.
Un jour, elle ne sera plus là
Les gens, vous, moi, on l'oubliera.
Gérard Brazon
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