9 novembre 1938 : les sections d’assaut nazies et les jeunesses hitlériennes organisent un vaste pogrom contre les juifs. Sur le territoire du Reich, près d'une centaine de personnes sont tuées, 267 synagogues sont brûlées, et 7500 magasins pillés.
La violence atteint son paroxysme à Berlin et Vienne (annexée au Reich en mars 1938), où vivent les plus importantes communautés juives. Première grande vague d’arrestation, 20.000 à 30.000 Juifs sont arrêtés et déportés dans les camps de concentration durant cette nuit.
70 ans plus tard, l’Allemagne ne veut pas oublier. Et pour cause, l’antisémitisme est encore vivant dans le pays. De nombreuses études révèlent un regain d’incidents et de sentiments antisémites au cours de ces dernières années.
Les chiffres font froid dans le dos : selon les statistiques rapportées par les membres du Parlement fédéral, chaque semaine un cimetière juif est vandalisé en Allemagne. Le 29 avril dernier, à la veille de la commémoration de la Shoah, 30 tombes juives sont profanées à Berlin.
Une étude publiée en septembre par le centre de recherche à Washington révèle que 25% des Allemands portent un regard défavorable sur les Juifs. Et les évènements illustrant ce regain d’antisémitisme ne manquent pas :
Le mois dernier, la police allemande démantelait un campement de vacances nazi dans le nord-est du pays. 39 enfants de 8 à 14 ans y séjournaient en uniforme militaire. Au programme : lever de drapeaux, lecture de documents portant des croix gammées ou encore analyse de cartes datant du début du XXe siècle.
Il y a encore trois semaines, dans la ville de Iéna, des supporters entonnaient des chants antisémites au cours d’un match de football.
Yaron Savouraï, historien et chercheur israélien, a récemment reçu des menaces de mort après la publication de son étude relatant la découverte d’objets volés aux juifs durant la Nuit de Cristal. L’homme a affirmé avoir besoin de gardes du corps.
L’antisémitisme n’épargne pas les milieux intellectuels : l’un des économistes allemands les plus réputés, Hans-Werner Sinn, a suscité un tollé en comparant lundi (27 octobre) dans la presse la stigmatisation actuelle des patrons d'entreprise sur fond de crise financière à celle des Juifs en Allemagne lors de la crise économique des années 1930. A la demande des leaders de la communauté juive, l’économiste est ensuite revenu sur ses propos et a présenté ses excuses.
Le gouvernement allemand n’est pas sourd à cette inquiétante recrudescence d’antisémitisme. C’est la raison pour laquelle le Bundestag souhaitait faire passer un projet de loi contre l’antisémitisme, dont le vote aurait coïncidé symboliquement avec le 70e anniversaire de la Nuit de Cristal.
Néanmoins, la formulation de la loi faisant l’objet d’une controverse parmi les politiciens allemands, le vote du projet a été reporté jusqu'à ce que les différents partis parviennent à un accord.
En 1933, le Reich allemand comptait environ 560.000 Juifs. Après la Shoah, ils n'étaient plus que quelques milliers. Aujourd’hui, 105.000 Juifs vivent en Allemagne en tant que membres de communautés juives. S'y ajoutent, selon les sources, entre 40.000 et 80.000 Juifs qui ne sont pas membres des communautés.
Alors que le danger de l'intolérance se fait de plus en plus pressant à l'aune de la nucléarisation de pays tels que l'Iran et la Corée du Nord, la lutte contre l’antisémitisme est un impératif catégorique.
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