Israël: Tzipi Livni appelle à des élections anticipées
Yoav Lemmer AFP ¦ La chef du parti Kadima au pouvoir en Israël, Tzipi Livni, le 26 octobre 2008 à Jérusalem
La chef du parti Kadima au pouvoir en Israël, Tzipi Livni, a appelé dimanche à la tenue d'élections anticipées "le plus vite possible" après avoir échoué à former une coalition gouvernementale.
"J'ai informé le président que dans les conditions présentes, nous devons organiser le plus vite possible des élections. Le peuple choisira ses dirigeants", a déclaré Mme Livni après une rencontre avec le président de l'Etat, Shimon Peres, à sa résidence à Jérusalem.
"J'ai constaté ces derniers jours que les négociations menaient à des exigences exorbitantes tant au niveau économique que politique (des partis). Il y a un prix que je ne suis pas disposée à payer", a-t-elle martelé.
Donnant le coup d'envoi d'une campagne électorale en vue d'un scrutin prévu au plus tard en février, elle s'est présentée comme une dirigeante aux principes politiques "propres", face aux accusations de ses opposants selon lesquels son échec à former un cabinet illustrait son manque d'expérience politique.
M. Peres a déclaré qu'il inviterait "dans les trois jours" les chefs des différentes formations politiques pour les informer de la décision de Mme Livni, la ministre des Affaires étrangères, de renoncer à former un gouvernement.
Mme Livni a rencontré le président de l'Etat après un report de plusieurs heures à la demande de la présidence de la Knesset, le Parlement israélien, dans une ultime et vaine tentative de former un gouvernement.
Elle a ainsi tiré la conclusion de plus d'un mois de tractations vaines avec plusieurs partis, notamment après la défection des ultra-orthodoxes du Shass (12 députés sur les 120 à la Knesset) et de la Liste Unifiée de la Torah (six députés).
Ces deux formations, dont l'appui était indispensable pour dégager une majorité au Parlement, avaient exigé de Mme Livni qu'elle s'engage par écrit à ne mener aucune négociation avec les Palestiniens sur la question ultra-sensible de Jérusalem-est occupée et annexée par Israël depuis 1967.
Elles avaient réclamé aussi une forte augmentation des allocations familiales, réduites ces dernières années, notamment par la droite.
Jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement, après les élections générales, le Premier ministre démissionnaire Ehud Olmert reste à la tête d'un gouvernement de transition, chargé essentiellement d'expédier les affaires courantes.
La législature actuelle s'achevait normalement en novembre 2010.
Selon les sondages de ces derniers mois, le dirigeant de l'opposition de droite, l'ancien Premier ministre et chef du parti Likoud Benjamin Netanyahu, paraît le mieux placé pour succéder à M. Olmert.
Mais son avance a eu tendance à se réduire face au parti centriste Kadima depuis que Mme Livni en a pris la direction en septembre dernier, après le retrait de M. Olmert accusé d'implication dans plusieurs affaires de corruption.
Avec l'annonce d'élections anticipées, la poursuite du processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne, déjà suspendue à la présidentielle américaine du 4 novembre, apparaît encore plus compromise.
Le gouvernement de transition de M. Olmert n'est pas habilité à prendre des décisions cruciales pour l'avenir du pays car il ne dispose plus de majorité au parlement.
Et pour les commentateurs aussi bien palestiniens qu'israéliens, l'annonce d'élections anticipées marque définitivement la fin du processus entamé par l'administration de George W. Bush à la conférence d'Annapolis qui avait relancé les négociations de paix en novembre 2007.
Après avoir vainement tenté depuis plus de quatre semaines de former une coalition, la ministre des Affaires étrangères et chef du parti Kadima a fini par appeler dimanche soir à des élections législatives anticipées pour sortir de l'impasse. «Je suis parvenue à la conclusion que cela ne servait à rien de prolonger les tractations», a-t-elle déclaré après avoir rencontré le président israélien Shimon Pérès dimanche soir. «Le peuple en a assez de la politique politicienne… J'ai annoncé au président qu'il fallait tenir le plus vite possible des élections», a ajouté Livni. Tzipi Livni a tenté jusqu'à la fin de parvenir à un accord avec les partis religieux Shass et la Liste de la Torah unifiée. Ces deux formations, indispensables pour constituer une majorité, exigeaient une forte augmentation des allocations familiales, question sensible pour leur électorat, souvent constitué de familles nombreuses. Les offres de Livni n'ont pas suffi à les convaincre. Leur seconde condition était un engagement formel de Tzipi Livni de ne pas négocier le statut de Jérusalem avec les Palestiniens. Cette dernière demande a été refusée catégoriquement par la ministre des Affaires étrangères, décidée à parvenir à un accord avec les Palestiniens et la Syrie dans le cas où elle deviendrait chef de gouvernement. S'engager à ne pas remettre en cause le statut de Jérusalem, dont la partie est occupée par Israël depuis 1967, reviendrait à empêcher toute avancée diplomatique avec le monde arabe.
«J'ai constaté ces derniers jours que les négociations menaient à des exigences exorbitantes tant au niveau économique que politique», a expliqué Tzipi Livni. «Je ne suis pas prête à céder à des chantages politiques et budgétaires. Il y a un prix que je ne suis pas disposée à payer. Le peuple décidera. Je n'ai pas peur des élections.» Les sondages donnaient ces derniers mois une sérieuse avance au Likoud de Benyamin Nétanyahou en cas de législatives anticipées. Mais cet avantage, largement dû à l'impopularité du premier ministre sortant Ehoud Olmert, pourrait ne pas être aussi important face à Tzipi Livni. Ses adversaires ont beau lui reprocher son manque d'expérience politique, son échec à réunir une majorité de gouvernement est largement dû au double langage du Shass, qui négociait en coulisse une alliance avec Nétanyahou tout en faisant traîner ses tractations avec Kadima. Nétanyahou, qui avait fortement réduit les aides de l'État pendant son passage au gouvernement à la fin des années 1990, n'apparaît pas non plus comme le partenaire idéal pour satisfaire les exigences catégorielles de petites formations. Le président Pérès doit à présent rencontrer dans les prochains jours les chefs des différents partis politiques israéliens pour les informer officiellement de la décision de Livni. Pendant une période de trois semaines, tout député peut tenter à son tour de former une coalition. Après ce délai commence un décompte de 90 jours pour la tenue d'élections législatives, qui pourraient avoir lieu fin février. Un scrutin anticipé sera néanmoins un test important pour Kadima et déterminera la carrière de Tzipi Livni. Le parti, créé fin 2005 par Ariel Sharon, avait remporté les élections au début de l'année suivante grâce à la popularité du vieux général, terrassé par une attaque cérébrale quelques mois avant le scrutin. L'héritage politique de Sharon a été depuis écorné par son successeur, Ehoud Olmert, éclaboussé par des affaires de corruption qui l'ont conduit à démissionner le mois dernier. Livni, qui continue à bénéficier d'une image d'intégrité rare sur la scène politique israélienne, devra redonner une nouvelle impulsion à Kadima. Un échec pourrait marquer le début de la fin de Kadima, rassemblement d'anciens membres du Likoud et de travaillistes. Il sonnerait aussi le glas d'une «troisième voie» israélienne, et sans doute aussi d'une prochaine solution négociée avec les Palestiniens.20Minutes.fr avec AFP,
Tzipi Livni demande
la dissolution de la KnessetDe notre correspondant à Jérusalem, Adrien Jaulmes du Figaro
«Je suis parvenue à la conclusion que cela ne servait à rien de prolonger les tractations», a déclaré, dimanche soir, Tzipi Livni après sa rencontre avec le président Shimon Pérès. (AP Photo/Sebastian Scheiner) Quatre semaines de tractations n'ont pas permis de former un nouveau gouvernement. Les législatives devraient se dérouler en février.
Image d'intégrité
Le Figaro.fr
Rédigé par : |