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Nicolas Sarkozy, le Moyen Orient et la Paix Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’initiative du Président de la République française de renouer le dialogue avec la Syrie. Bachar El Assad, le Président syrien, sera présent à Paris le 13 juillet pour le sommet de l’Union pour la Méditerranée, il a même été convié, à l’instar des autres invités au sommet dont Ehoud Olmert, à assister au traditionnel défilé du 14 juillet, dont l’invité d’honneur sera cette année le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon. Les réactions ne se font pas attendre.
Nombreux sont ceux qui manifestent leur incompréhension et réagissent plutôt mal à la reprise des relations franco-syriennes, interrompues par Jacques Chirac après l’assassinat de son ami, le Premier ministre libanais Rafic Hariri. Un crime syrien parmi d’autres, qui marquait par le sang la volonté de poursuivre la vassalisation du Liban par Damas.
Samedi 7 juin, la visite de Nicolas Sarkozy à Beyrouth montrait le profond attachement de la France au Liban, elle marquait aussi un tournant dans les relations franco-syriennes. Le Président français n’a pas hésité à s’adresser au Président syrien pour lui dire sa satisfaction de voir le Liban procéder librement à l’élection de son Président. Il s’agissait aussi de l’encourager à ne plus systématiquement soutenir l’opposition libanaise, incarnée par le Hezbollah, et à poursuivre des pourparlers de paix initiés avec l’Etat juif.
L’initiative de Nicolas Sarkozy, que les médias présentent volontiers comme une médiation possible entre Israël et la Syrie, doit être comprise comme une volonté forte de voir la France, et l’Union européenne qu’elle préside pour six mois, s’impliquer dans la « stratégie de la paix » au Moyen Orient.
Le moment est aussi opportun pour la France. Il s’agit à la fois de montrer à ses partenaires européens réticents que l’Union pour la Méditerranée est une initiative ambitieuse ; sous sa houlette, l’Europe pourrait jouer un rôle clé au Moyen Orient. L’Amérique, à laquelle le rôle de médiateur est habituellement dévolu, est en campagne, et la politique étrangère des Etats-Unis risque d’être un thème sensible des débats électoraux.
Certes, une poignée de mains entre le Premier ministre Ehoud Olmert et le Président Bachar El Assad sur la place de la Concorde le 14 juillet serait un geste symbolique fort, historique peut-être. C’est surtout la volonté de rassembler des hommes que l’histoire contemporaine oppose depuis soixante ans qui est remarquable. Symbole de paix ou de volonté de pacification, cette rencontre insolite contribuerait d’abord à « normaliser » la Syrie. Nicolas Sarkozy et le conseiller diplomatique de l’Elysée Jean-David Levitte ont bien compris l’importance de voir la Syrie évoluer rapidement dans le camp des pays modérés de la région.
La Syrie est depuis trop longtemps un « couloir du terrorisme » entre l’Iran à l’Est et le Hezbollah et le Hamas à l’Ouest. La deuxième guerre du Liban à l’été 2006 avait été le théâtre d’une collaboration active entre des Etats « voyous » que le Président américain George W. Bush inscrivait alors dans un « axe du mal », une expression qui résume assez bien l’intention criminelle des pays qu’elle vise, mais difficilement acceptée en Europe notamment, en raison de sa connotation biblique.
Route sans péage ni barrage pour des missiles importés d’Iran vers le Liban d’où le Hezbollah a déclaré la guerre à Israël, la Syrie continue d’être la plaque tournante d’un terrorisme quotidien que le Hamas dirige contre Israël. Jeudi 12 juin, ce sont des dizaines de missiles Qassam et autres obus de mortiers qui se sont abattus sur le Néguev occidental, dans le sud d’Israël. Le Hamas ne peut se satisfaire de la décision prise par le gouvernement israélien de ne pas intervenir dans la bande de Gaza pour traquer les terroristes, il cherche la guerre en envoyant sur Sdérot ou les kibboutz alentours des missiles « made in Iran ».
Pour donner raison à Nicolas Sarkozy, Bachar El Assad devra tenir beaucoup de promesses, celle de fermer son « corridor du terrorisme », celle de ne plus faire la guerre à la paix, celle d’accepter Israël, de ne plus servir de tribune aux extrémistes de la région, dont Khaled Meechal, leader politique du Hamas, de rompre avec Téhéran pour mieux l’isoler dans le concert des Nations.
Il s’agira aussi pour le Président syrien de fermer enfin la dantesque prison de Mazé, dont on dit que son père Hafez El Assad y pratiquait lui-même la torture. Et puis il s’agira de contribuer efficacement à la libération des soldats israéliens. Pour Nicolas Sarkozy, la question de la libération d’otages innocents, bulgares, colombiens ou israéliens, est une exigence de justice, une dérangeante leçon de morale, en politique.
Ce soir, nos pensées vont vers Guilad Shalit, Eldad Reguev et Ehoud Goldwasser, trois soldats israéliens otages du Hamas et du Hezbollah depuis 720 jours, deux organisations terroristes qui prônent la destruction d’Israël, à l’instar de l’Iran dont le Président Ahmadinejad rappelle, dès que l’occasion lui en est donnée, qu’Israël doit être rayé de la carte.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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