Discours de Madame Christine BOUTIN
Ministre du Logement et de la Ville
Présidente du Forum des Républicains Sociaux
Conseil National du FRS
Samedi 7 juin 2008
Monsieur le Député,
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Voici bientôt 13 mois que la France a choisi avec force de confier la responsabilité politique suprême à Nicolas SARKOZY.
Certains semblent penser que ce type de responsabilité peut être un chemin de roses. Ne nous laissons pas aveugler !
La France a trop longtemps tourné le dos à son avenir, la France a trop facilement pensé qu’elle pouvait se moderniser sans réformes profondes, la France a trop longtemps été dirigée sans chercher à mettre à jour notre pacte économique et social !
Personne n’imagine plus vivre sa vie de famille comme les familles des années 70 ;
Personne n’attend plus une vie professionnelle semblable à celles caractérisant les « 30 glorieuses » ;
Personne n’imagine plus que les enjeux actuels trouvent leur réponse dans les réponses de l’après-guerre…
Alors, il nous faut innover. Il nous faut profondément revoir les formes politiques que prend notre pacte démocratique. Il nous faut modifier nos habitudes.
Je crois profondément qu’avec Nicolas SARKOZY Président, nous pouvons engager ce mouvement. Nous avons l’énergie pour mener ces actions.
Comme lui, nous aimons la France et cet amour nous fait comprendre que nos valeurs éternelles peuvent être mieux servies dans un cadre renouvelé.
Souvenons-nous qu’il n’est pas si fréquent, après un an de mandat d’un nouveau Président, de voir autant de cohérence entre les promesses de campagnes et les réformes effectuées ou en cours.
Souvenons-nous qu’il n’est pas si habituel d’avoir au pouvoir un gouvernement de droite et du centre qui assume l’objectif de mener une « politique de civilisation ».
Après 22 ans de vie parlementaire, je mesure la chance qui est celle de notre pays. A aucun moment depuis le 6 mai 2007, je n’ai eu de doutes sur le fait qu’avec Nicolas SARKOZY nous ferons rentrer la France dans le XXIème siècle en respectant notre identité et nos valeurs.
Je vous engage donc tous à être des artisans de ce mouvement.
Pour le FRS, cette orientation de fond correspond aux attentes que nous fixions lors de notre soutien au candidat SARKOZY. Sur nos valeurs, je ne vois aucun point majeur qui puisse nous permettre de faire la grimace.
Il y a eu une alerte sur la politique familiale.
Nous avons su réagir et nous mobiliser… Reconnaissons que la réaction du Président a été rapide et satisfaisante.
Nous pensons que la famille est le socle incontournable d’une société qui veut vivre, d’une société qui veut transmettre ses valeurs et d’une société qui veut, simplement, permettre aux hommes, aux femmes et aux enfants de grandir autrement que dans l’atomisation, l’anonymat et l’incapacité à nouer des alliances fécondes.
Ne nous y trompons pas. A gauche comme à droite, il existe des tentations pour faire main basse sur la politique familiale. Nous affirmons que celle-ci est un investissement, source de vie et de prospérité. Nous sommes, et nous serons, au premier rang pour empêcher des glissements qui, sous couvert de bonne gestion, n’ont d’autres effets que de scier la branche sur laquelle repose notre croissance et notre paix civile. Aussi, je prends cependant comme un gage positif deux signes forts :
1- les déclarations claires et nettes de Nicolas SARKOZY pourront désormais être opposées à toutes les administrations qui ne voudront raisonner qu’à courte vue ;
2- la création d’un groupe parlementaire de suivi de la politique familiale autour de Nadine MORANO avec, c’est le seul nom qui soit cité, notre ami et vice-président le Député POISSON… Nous savons qu’il y sera actif et persuasif. En le choisissant, chacun a compris que le FRS est clairement, au sein de la majorité présidentielle, le fer de lance de la défense des familles.
Pour notre mouvement, le passage de 2007 à 2008 a ressemblé à une chrysalide.
La chenille est devenue papillon. Je conviens, avec certains, qu’il nous a fallu aussi passer par l’étape du cocon. Etions-nous morts ? Etions-nous aphones ?
Les réorganisations rendues nécessaires par ma responsabilité ministérielle ont maintenant été effectuées.
Nous sommes bien vivants et notre voix va porter !
Plus encore, l’année 2008 est la première année où des candidats ont réussi à se faire élire comme candidat FRS. Nous avions des élus depuis notre fondation : ils venaient de l’UDF, du RPR, des sensibilités nombreuses classées entre Divers Droite ou sans étiquette. Maintenant nous avons des élus que les Français ont choisi en connaissance de cause.
Dans le même temps, notre présence parlementaire a purement et simplement été multipliée par trois ! Quel autre parti politique peut faire la même démonstration !
Vous savez que cette réalité ne doit pas nous arrêter. Certains objecterons que nous n’avons que trois députés…Je veux faire un acte d’espérance en soulignant la progression… et je prends les paris que cette courbe géométrique n’a pas encore atteint ses sommets !
1 Ministre
3 Députés
plus de 160 conseillers municipaux, généraux ou régionaux
… prenons conscience que la coquille vide qu’était le FRS en 2002 est devenu un parti de gouvernement et qu’il entend bien le rester !
Cette évolution doit maintenant se traduire dans les actes.
Nos amis de l’UMP ne seront pas déçus ! Ils savent que nous sommes des alliés loyaux. Nous allons aussi leur montrer que notre nouvelle réalité se traduit aussi dans nos propositions.
Nous allons prendre une orientation : celle de reconstruire un cadre politique qui permette de faire vivre les valeurs de la démocratie chrétienne et du gaullisme social.
Cette orientation va s’incarner très concrètement dans trois chantiers.
1er chantier : la réforme de notre préambule, occasion de partager et réaffirmer nos valeurs
Le Président a choisi d’ouvrir l’ambitieux chantier de la réforme de notre préambule constitutionnel. Ce simple fait démontre, si cela était encore nécessaire, que son énergie réformatrice ne se limite pas aux mesurettes que nous avons trop souvent connues. En révisant le préambule, il s’agit ni plus ni moins de revoir notre règle fondamentale pour compléter le texte majeur qu’est la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen… excusez du peu !
Parmi les sujets évoqués figurent notamment les questions liées à la bioéthique, à la diversité et à la parité… Nul n’imagine que nous resterons sans voix sur ces sujets.
J’ai donc mis en place depuis plusieurs semaines un groupe de travail avec juristes, philosophes et psychanalystes. Des personnalités de premier plan dont les noms surprendront ceux qui pensent encore que le FRS n’est pas capable de rentrer au centre des problématiques de notre société.
Dans quelques jours, je ferai des propositions au Président de la République pour qu’elles puissent pleinement être prises en compte.
Mais ce travail a montré qu’il n’est pas possible de laisser cette réforme à des spécialistes ou au bon vouloir d’un conseil constitutionnel dont les membres font parfois preuve d’une créativité surprenante…
Il s’agit de questions trop graves pour ne pas être l’objet d’un large débat avec l’ensemble des citoyens.
C’est pourquoi, je vous annonce aujourd’hui la création prochaine d’un « wiki », l’outil moderne de la concertation, l’outil collaboratif que nous donne le web, dont la vocation sera de permettre aux Français de s’approprier pleinement ces questions de fond :
§ quelles sont les valeurs qui nous rassemblent en ce 21ème siècle ?
§ quelle place laissons nous à la personne humaine dans nos choix politiques, économiques, scientifiques et sociaux ?
Ces questions sont, depuis notre fondation, au cœur de l’existence du FRS. Nous aurons à cœur de les faire partager à tous.
2ème chantier : faire de la Présidence française de l’Union Européenne, un temps de mobilisation qui permette l’émergence d’un nouveau souffle européen
Comme vous le savez, à compter du 1er juillet prochain, le France préside l’Union Européenne. Personne n’imagine que cette étape puisse être simplement symbolique.
Nous aurons à cœur de faire de ce semestre une étape décisive. Les peuples d’Europe savent que la France est au cœur du projet européen. Ils nous attendent et nous serons présents.
Pour ma part, comme Ministre en charge des problèmes d’exclusion et de précarité, je présiderai, en octobre 2008, une réunion des ministres européens en faveur de la lutte contre la pauvreté. Cette orientation humaine de l’Europe est une ambition présente dans notre projet depuis nos origines. Je vais avoir l’occasion de la mettre en œuvre.
Par ailleurs, dès le mois d’Octobre, nous organiserons une grande réunion européenne rassemblant les héritiers des valeurs de la Démocratie Chrétienne. Sommes nous toujours conscients que les hommes qui ont fait l’Europe sont ceux qui portaient les valeurs dont nous nous réclamons ?
SCHUMAN, ADENAUER et GASPERI n’étaient pas des esprits froids. Ils n’ont pas construit un rêve technocratique.
Ils étaient animés d’une espérance, ils se sont retrouvés autour d’une conviction, ils ont agit en étant fidèles à une idée de l’homme.
Cette espérance, c’est que le pardon peut l’emporter sur la haine ;
Cette conviction, c’est que les racines qui nourrissent la culture européenne sont des racines spirituelles qui peuvent nous rapprocher ;
Cette idée de l’homme, c’est celle qui rassemble tous les êtres de bonne volonté pour construire une société juste. D’aucuns diraient qu’il s’agit de la civilisation de l’Amour.
Mobilisation sur un objectif humain (la lutte contre la pauvreté), mobilisation par la mise à jour de nos racines communes tant culturelles que spirituelles, cette année européenne sera aussi une année politique puisque nos actions nous permettront de tisser des liens renforcés avec d’autres partis européens.
A la veille d’une année 2009 qui verra se tenir les élections européennes, cela est toujours de bonne augure…
3ème chantier : Lancer la reconquête de nos territoires par le centre et la droite
Nous devons voir la réalité en face : depuis le 16 mars dernier, ce sont maintenant 75% des Français qui vivent dans des villes tenues par la gauche !
75%… et je préfère ne pas rentrer dans l’exercice de mesure des pourcentages pour ce qui est des régions !
Nous ne pouvons pas accepter ce constat. C’est pourquoi, j’ai mis en place un groupe de travail avec :
- des maires ayant gagné des villes de gauche ( j’en profite pour saluer Charles-Henri JAMIN pour son beau succès à Saumur car les victoires sur la gauche ne sont pas si nombreuses !) ;
- des maires de droite ayant eu des scores particulièrement favorables ;
- des sondeurs et politologues.
Ce groupe m’a permis de mieux souligner ce que doit être notre façon de faire de la politique.
Nous devons prendre acte que l’attente des Français passent par plusieurs axes :
→ une vraie présence de proximité sur les lieux de vie comme sur les lieux de crise ;
→ une capacité à répondre à toutes les demandes individuelles en les liant à un projet collectif.
J’aurai l’occasion en d’autres temps de détailler les conclusions de ce groupe pour qu’elles soient utiles à tous.
Mais je lance dès maintenant un appel solennel à l’UMP pour que les conséquences des municipales soient source d’enseignement pour les élections régionales.
Nous ne gagnerons pas les élections régionales si elles ne sont pas préparées dès aujourd’hui.
Il nous faut nous en tenir à trois principes :
1. avoir des leaders régionaux choisis très rapidement sur la base du vote des militants ;
2. avoir des listes faites de candidats crédibles, enracinés dans leur territoire et donc éviter une pratique trop courante qui consiste à recaser sur nos listes les battus des municipales ou les amis d’amis ;
3. faire de ces élections une occasion de profond renouvellement.
Les élections régionales doivent être l’occasion de faire naître une nouvelle génération.
Mes chers amis, ces trois chantiers sont complémentaires. Ils traduisent une orientation politique forte que je veux préciser.
Avec le quinquennat, notre pays a fait un pas vers le régime présidentiel. Cette évolution se traduit par la mise en place d’un bipartisme : à un grand parti de gauche répond un grand parti de droite. On peut regretter l’effet réducteur de cette évolution. Mais les institutions ont leur logique et celle du quinquennat est celle du bipartisme. Il suffit de voir les errances du Modem aux municipales pour mesurer combien cette logique est imparable.
L’UMP a su prendre acte de cette réalité et c’est pourquoi nous avons, pour notre part, choisi la formule du parti associé.
Cette association doit nous permettre de nous exprimer librement. C’est pourquoi, je n’accepterai plus de ne pas pouvoir compter le FRS au rang des partis interrogés lors des consultations officielles. Tout comme je regrette que le FRS ne soit pas aujourd’hui représenté dans la délégation officielle présente au Liban. C’est une chose de rentrer dans la logique des institutions, c’en est une autre de laisser penser que le bipartisme aboutit à masquer les expressions des différentes familles politiques.
Au contraire, l’enjeu du bipartisme à la française et de former un pacte entre les familles politiques qui portent des valeurs susceptibles de construire un rassemblement majoritaire.
Dans ce grand bouleversement politique, toutes les familles politiques n’ont pas trouvé leur cadre d’expression.
Les valeurs de la démocratie chrétienne (je parle bien des valeurs et non des pratiques !) ne sont plus portées par personne :
Le MODEM de François BAYROU préfère s’orienter vers un autre camp et renier son héritage…
Quant au Nouveau Centre, il ne s’est jamais revendiqué de cet héritage.
Nombreux parmi nous se retrouvent dans ses valeurs, nombreux sont les « divers droite » qui cherchent à les porter… nous avons vocation à les rassembler !
Une autre famille politique se trouve aussi sans maison, il s’agit des gaullistes sociaux.
Ils croient en la France, nous aussi !
Ils pensent que la droite ne peut pas faire l’impasse d’une profonde ambition sociale, nous aussi !
Ils veulent construire l’Europe sur le socle des nations, nous aussi !
Ils savent que le modèle économique qui convient à notre pays ne se limite pas au « laisser faire », nous aussi !
Ces militants perdus dans le vaste ensemble qu’est l’UMP, ces élus sans attache… nous avons vocation à les rassembler !
Ces deux familles aujourd’hui sans cadre nous correspondent profondément. Pour ma part, j’ai commencé ma vie politique sous un double parrainage.
Celui de Raymond BARRE qui m’a encouragé à me présenter aux législatives de 1986, je lui doit mon entrée à l’Assemblée Nationale.
Celui de Maurice SCHUMANN, le parole de la France libre, dont le Général DE GAULLE disait « il fut l'un des premiers, l'un des meilleurs, l'un des plus efficaces » avant d’en faire son Ministre des Affaires Etrangères. Ce grand académicien m’avait pris d’affection dès mon entrée au Palais Bourbon alors qu’il était encore sénateur. Il m’a guidé, m’a conseillé, m’a appris la force durable d’une parole libre. Nous avons choisi d’agir ensemble, alors que nos groupes politiques étaient différents, parce que nous savions que nous partagions des valeurs qui méritaient de dépasser les querelles partisanes. Nous avons notamment signé des tribunes communes et co-présidé des colloques politiques.
Ce double parrainage, il est aussi celui du FRS. Comme Raymond BARRE et Maurice SCHUMANN, nous avons toujours eu le souci du plus fragile et du plus faible.
Nous pourrions résumer nos valeurs par une phrase :
« la loi du moins fort ».
La loi du moins fort, c’est celle de la défense du plus fragile, qu’il soit embryon, en prison ou sans maison !
La loi du moins fort, c’est celle qui consiste à penser que le bien des plus forts dépend du bien des plus faibles.
La loi du moins fort, c’est celle qui consiste à faire des choix ambitieux en ayant toujours en ligne de mire l’incidence de ces choix sur les plus pauvres.
La loi du moins fort ce n’est ni l’assistance, ni le Tout-Etat, ni la réglementation… c’est celle qui fait d’une politique une politique de civilisation.
Mes chers amis, avec vous tous, avec les orphelins des valeurs de la démocratie chrétienne et du gaullisme social nous feront du FRS le parti qui change la France grâce à « la loi du moins fort » !
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