Villeneuve : « Je ne suis pas Aulas ! »
La rédaction - Alix Dulac et Loïc Briley - RMC.fr
Intronisé officiellement nouveau président du PSG, Charles Villeneuve ne souhaite pas user de la langue de bois. S’il mesure l’ampleur de sa tâche, le nouvel homme fort parisien promet néanmoins de rendre au club son lustre d’antan.
Charles Villeneuve, vous avez été nommé officiellement président du Paris Saint-Germain...
J’ai été adoubé, nommé à l’unanimité président, directeur général du Paris Saint-Germain.
Qu’allez-vous faire dès jeudi pour le club ?
Je vais aller déjeuner… Non, il y a un plan. Ce plan va être établi. J’ai d’abord un inventaire à faire, poste par poste. Je dois redonner confiance à tout le personnel, établir des objectifs, une stratégie de communication, lancer un appel aux supporters parce qu’il faut bien savoir que tout le monde nous surveille. On le sait, c’est au moins 30 % plus difficile ici que dans les autres clubs. Quand le PSG gagne, c’est normal. Quand le club perd, tout le monde lui tombe dessus, le caricature. C’est difficile pour le club, plus difficile que pour les autres équipes, plus délicat qu’à Lyon qui vient d’entrer dans l’histoire du football français et Marseille qui en fait déjà partie.
Paris constitue quoi pour vous ?
Paris représente un véritable défi pour moi. Il faut le remettre sur les rails. Le club a failli descendre en Ligue 2, il s’en est sorti. Je trouve que Paul Le Guen, qui a été maintenu dans ses fonctions, a montré beaucoup de décence et de courage lors de cette mauvaise période. Il n’a pas perdu la boule, ni les nerfs d’ailleurs. Il a montré que le PSG avait un fond de jeu, un jeu qui avait complètement bloqué Lyon en finale de la Coupe de France. Il y a donc déjà une bonne base, il y a des jeunes, à ces jeunes, il faudra ajouter quelques joueurs d’expérience.
Votre première décision, c’est donc le maintien de Paul Le Guen ?
Avec l’accord des actionnaires et du Conseil d’Administration. D’ailleurs son maintien a été unanime. Le conseil d’administration était largement pour, Sébastien Bazin aussi, Paul Le Guen était également d’accord pour son propre maintien.
Vous n’êtes pas un homme issu du football mais on sait que vous savez vous entourer. Est-ce que vous pouvez nous dire qui va vous épauler ? Gilles Grimandi ? Antoine Kombouaré ?
C’est prématuré. Je ne veux pas utiliser la langue de bois mais pour l’instant, il n’y a que des négociations et j’espère être entouré d’une équipe que je souhaite assez percutante.
Jean-Michel Aulas ne fait pas les équipes non plus mais il a beaucoup de pouvoir au sein de son club. Vous pensez vous inspirer de ce mode de fonctionnement ?
Je ne suis pas là pour faire l’équipe le samedi et le dimanche. Je ne suis pas Jean-Michel Aulas. Je suis Charles Villeneuve, ayant pratiqué pendant près de quarante ans le métier de journaliste à la tête de plusieurs équipes. Je continuerais à fonctionner comme fonctionne Charles Villeneuve, c’est-à-dire moi-même.
Vous promettez quoi aux supporters ?
D’abord, je voudrais qu’ils me promettent quelque chose. Il faut se rappeler que le PSG est certainement la marque du football français qui a l’un des plus grands retentissements au monde. C’est ça, le PSG. Quand vous allez à Manchester, Chelsea, Arsenal, Bolton, Fulham, on vous demande « alors comment va Paris, à Paris, qu’est-ce qui se passe ? ». Les supporters font partie intégrante de l’histoire de ce club. Leur comportement doit être exemplaire, essentiel. Samedi dernier, lors de la finale de la Coupe de France, ils se sont formidablement bien tenus. Les supporters, c’est l’image du club. Il ne faut pas oublier que Paris est le seul club de Ligue 1 à compter un bassin de 14 millions d’habitants. Au PSG, il y a beaucoup d’éducateurs, beaucoup d’équipes. Certes, il faut que ces formations honorent leurs supporters mais il faut également que ces mêmes supporters honorent leurs équipes. Voilà ce que j’attends d’eux.
Est-ce que Sébastien Bazin vous a déjà défini des objectifs ?
Je lui soumettrais ma feuille de route. Vous la verrez. Chaque chose en son temps. Aujourd’hui, je suis élu président du PSG. Demain, je vais faire connaissance avec le personnel du club. Après-demain, après avoir écouté tout le monde, nous allons fixer avec l’accord du conseil d’administration des objectifs, des noms sur ces objectifs, un organigramme.
Vous diriez que le PSG aujourd’hui constitue un gros chantier à reconstruire ?
C’est un défi, oui. Je pense tout de même que mes prédécesseurs ont déjà commencé à monter les bases. Mais les résultats effacent le travail déjà élaboré. C’est tout le problème de la communication. Il faut expliquer que le PSG ne naît pas avec Charles Villeneuve. Le club a son histoire et moi je vais essayer de m’inscrire dans cette histoire.
Quelle est votre ambition ?
Etre au pire troisième, pas forcément dès l’année prochaine. Je verrais, vous savez il ne faut pas être trop gourmand tout de suite. Je promets aux supporters la même chose que Churchill : du sang et des larmes. Et du bonheur si possible. L’objectif, c’est de rendre à Paris tout le lustre qu’il mérite.
Pensez-vous être l’homme de la situation ?
Je ne me fixe pas ce genre d’objectifs. Quand j’ai repris le service des sports de TF1, voilà, on m’a dit qu’il fallait un peu remoderniser et atteindre des objectifs un peu plus ambitieux. Est-ce que je suis l’homme des situations difficiles ? Non. Ce qui est très important, c’est de choisir son équipe et d’avoir d’excellents collaborateurs. Je vais m’employer à utiliser cette méthode que j’ai apprise aussi bien sur le choix des hommes que sur la gestion, une méthode apprise auprès de mes précédentes maisons. Sébastien Bazin m’a donné un mandat, m’a fixé un but. Ce but, je ne pourrais pas l’atteindre tout seul. Je vais le réaliser avec Paul Le Guen avec qui je m’entends très bien.
Vous n’avez pas peur ?
Est-ce que j’ai l’air d’avoir peur ? Je suis assez content d’être à la place où je suis mais je ne suis pas sûr de moi. Arsène Wenger, lorsque je lui ai dit que j’étais prêt à accepter l’offre, m’a demandé : « est-ce que tu es prêt à souffrir ? Si oui, tu acceptes ». Je ne viens pas à Paris pour souffrir… Je suis Toulonnais, j’aime bien Paris, j’ai des enfants et des gendres qui sont dingues du PSG. Du coup, j’ai une pression familiale exorbitante.
Comptez-vous imiter Boudjellal (président de Toulon, rugby, NDLR) en recrutant les meilleurs joueurs étrangers ?
Ils n’ont pas le même prix. Mais pourquoi des joueurs brésiliens ? Il y a beaucoup de joueurs français qui sont d’un niveau de classe mondiale. Il y a déjà quelques joueurs du club qui ont montré le bout de leur nez et qui progresseront encore, comme Clément Chantôme. D’ailleurs, il suffit de voir comment les clubs étrangers leur font les yeux doux. Mais… ils vont rester. C’est un beau challenge. Maintenant, il faut le gagner et aussi prendre son temps pour le faire.
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