La section locale UMP de la 6e circonscription des Hauts-de-Seine a commandé un sondage exclusif sur le projet d'enfouissement de la RN 13 et sur votre idée d'organiser un référendum à Neuilly. Pouvez-vous commenter ces résultats?
Les tendances révélées par ce sondage sont un encouragement pour nous! Cela montre pour que 82% des Neuilléens, l'enfouissement de la RN 13 constitue une priorité, et que pour 75% d'entre eux l'organisation d'une consultation populaire est une bonne méthode. Mais surtout, cela illustre bien le fait que sur des questions aussi cruciales pour son avenir, qui impacte sa vie quotidienne, la population ressent le besoin de s'exprimer. Dans ces conditions, il me semble que ce projet devrait constituer un enjeu prioritaire pour tous les élus, en premier lieu bien évidemment ceux la municipalité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, le 13 mai, j'ai adressé un courrier au maire de Neuilly pour l'inviter à recourir à la voie du référendum. Pour le moment, il n'a pas pris la peine de répondre...
En tant que président de la commission de la voirie et des transports au Conseil Général des Hauts-de-Seine, vous avez pris à bras-le-corps le projet d'enfouissement de la RN 13, ce qui suscite pas mal de critiques...
A défaut de volonté politique affirmée sur le sujet, à force d'entendre ça ou là des contre vérités, je me dis que seule la sagesse populaire fera la différence. D'où mon idée de référendum. Je ne dis pas que le référendum réglera la question, mais je ne vois pas comment faire avancer un dossier qui risquerait de s'enliser si l'on se fie aux récentes déclarations de certains protagonistes... Cette réalisation est essentielle pour le développement du quartier d'affaires de La Défense, fondamentale pour optimiser la desserte de tout l'ouest francilien qui est au bord de la saturation, et vitale pour Neuilly qui frise l'asphyxie. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que Jean-Christophe Fromentin, maire de Neuilly (divers droite), et Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile-de-France (PS), s'entendent pour constituer ce que j'appellerais un axe de l'immobilisme sur ce dossier. Les habitants de l'ouest parisien ne sont pas des citoyens de "seconde zone" pour qui entend présider aux destinées de toute la Région Ile-de-France sans exclusive.
Vous interprétez les déclarations du maire de Neuilly comme un refus de l'idée d'enfouissement de la RN 13?
A force d'affirmer que la question n'est pas de savoir si on est pour ou contre le projet comme il le fait, il devient difficile pour nos concitoyens de comprendre ses intentions... Si l'on ne voulait pas que le dossier aboutisse, on ne s'y prendrait pas autrement... Il se démarque du projet en faisant référence à un rapport des Ponts et Chaussées dont il prétend qu'il ne lui convient pas, mais il ne dit rien de sa volonté politique sur le dossier. En fait, il n'a jamais affirmé que c'était une priorité politique de son mandat. Un responsable politique c'est quelqu'un qui assume des choix. En tant que président de la commission en charge de ces questions au Conseil général, je me suis efforcé de rencontrer tous ceux qui sont décisionnaires, notamment Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat chargé des transports, et nous sommes convenus du lancement d'un comité de pilotage rassemblant tous les acteurs: la Région Ile-de-France, le Département, la Ville de Neuilly, l'Etat.
"Un projet gagnant-gagnant"
Le maire de la ville n'est pas contre l'idée de ce comité de pilotage...
Je l'espère... mais quand on s'engage dans une négociation complexe avec des partenaires, il est de mauvais augure d'écarter par principe certaines hypothèses de travail. Ce qui m'importe, c'est d'enterrer l'avenue, pas le projet. Il est irresponsable de dire qu'après 20 ans d'enquêtes et d'études, la bonne stratégie consiste à laisser décanter le dossier en laissant entendre qu'on traitera le dossier par forage d'un tunnel prolongeant l'A 14 au moment de la réalisation de la partie ouest du futur réseau Eole en 2020!
Jean-Paul Huchon avance le chiffre d'un milliard d'euros pour réaliser l'enfouissement de la RN 13, qu'en pensez-vous?
Ce n'est qu'un ordre de grandeur, mais la question n'est pas là! Il n'est pas exact de prétendre que la Région aurait à financer seule cet investissement au même titre qu'il est équivoque de laisser entendre que la Ville de Neuilly devrait assumer 80% du coût total de l'opération. Nous disposons de suffisamment d'opportunité en matière de modèles économiques, notamment autour des partenariats public privé, pour trouver celui qui conviendra à cette opération, dans l'intérêt de tous! Il n'est nullement question d'enterrer l'argent des contribuables avec la RN 13, mais au contraire d'investir au profit de la collectivité. C'est un projet "gagnant - gagnant" pour lequel les intérêts conjoints de la ville de Neuilly, du Département et de la Région sont réels. Un territoire bien desservi est un territoire qui produit plus de richesses.
Avez-vous consulté d'autres décideurs pour ce projet?
J'ai également rencontré Jean-Louis Borloo. Il partage mon sentiment que le projet est tout à fait réalisable. Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, il doit procéder à l'identification des points noirs d'Ile-de-France en matière de nuisances urbaines, qu'elles soient sonores ou environnementales. A coup sûr, l'avenue Charles de Gaulle fera partie de ce recensement ! 160.000 à 200.000 véhicules par jour au détriment de 20.000 riverains, c'est un record inégalé... en Europe ! Je pense pouvoir dire que l'idée de faire de ce dossier de la RN 13 un dossier pilote, qui ferait jurisprudence au profit d'autres axes desservant d'Ile-de-France, fait son chemin. C'est un enjeu régional, même national en matière de développement durable. Je défends auprès de lui un juste équilibre : Neuilly ne peut pas faire l'objet d'une discrimination positive du fait d'une proximité avec le Président de la République, ni d'une discrimination négative au motif que les habitants de Neuilly n'auraient pas le droit de bénéficier des mêmes égards que, par exemple, les habitants de Saint-Denis ou de Vanves.
Qu'en est-il de l'idée du péage?
Ce n'est qu'une piste parmi d'autres. Les résultats détaillés du sondage réalisé par BVA (consultables sur LeJDD.fr, ndlr) font, sur cette question, la démonstration de la lucidité et de la responsabilité de nos concitoyens de Neuilly. Ils savent bien que l'on ne peut pas demander aux pouvoirs publics de financer le passage, que ce n'est pas non plus à la Ville de le faire et que l'on est obligé de trouver des solutions innovantes... En tout état de cause, la bonne équation financière résultera de l'ajustement de trois variables: la participation des investisseurs, des pouvoirs publics et des usagers.
"J'ai simplement l'impression que je fais mon travail"
Projetons-nous dans huit ans, admettons que l'enfouissement a été réalisé, à quoi ressemble la nouvelle avenue Charles-de-Gaulle?
La solution de l'enfouissement permettrait tout simplement de gagner six hectares dans une ville qui souffre d'un manque de foncier. Sans préjuger des propositions urbaines et architecturales qui pourraient voir le jour, on imagine toutes sortes d'initiatives possibles: infrastructures sportives, culturelles, sociales, espaces verts, constructions douces sur un étage pour ne pas obstruer la perspective historique qui va du Carrousel du Louvre à la Seine. De plus, ce pourrait être l'occasion de rajeunir certaines façades de l'avenue et de proposer des réaménagements urbains originaux et modernes! Tout ça donnera lieu à des réunions de concertation publique, je n'en doute pas!
Dans ce dossier, certains ciblent votre manque d'expérience...
J'ai l'impression qu'aux yeux de certains, mon âge m'interdit de me sentir concerné par des questions qui touchent à des problèmes de société... Ceux qui s'amusent à s'attaquer aux personnes, cela les regarde. Quand je travaille sur un dossier, je ne m'occupe ni de mon âge ni de mes origines. J'essaie de faire le travail sérieusement en rencontrant les différents acteurs pour engager un dialogue cohérent. Pendant la campagne des cantonales, j'ai dit que j'avais envie que ce dossier avance durant cette mandature. Je ne suis pas du genre à ne pas prendre d'engagement parce que c'est trop compliqué. On peut me renvoyer mon âge en permanence, mon nom, tout ce qu'on veut, moi j'ai simplement l'impression que je fais mon travail.
Vous êtes également en charge de la jeunesse au Conseil général, quelles sont vos priorités?
Je trouve que le Conseil général est une machine formidable, mais qui ne fait pas assez fonctionner la transversalité des services: sports, santé, prévention, éducation... J'ai dénombré 122 dispositifs qui s'empilent les uns sur les autres, comme si la jeunesse devait être découpée en tranches. Il n'y a pas qu'une jeunesse, chacun vit la sienne et au final chaque jeune est unique... il faut donc que la politique jeunes que propose le Département tienne plus compte des différences entre chaque jeune et qu'en même temps elle leur donne une ambition commune. En plus, je pense qu'il n'y a pas de politique jeunesse sans associer pleinement les jeunes. De consommateurs passifs il faut qu'ils deviennent acteurs d'une politique et de sa mise en oeuvre. Je me suis donc lancé dans un tour des villes, des quartiers, des associations, des collèges du département pour organiser à la rentrée prochaine les assises de la jeunesse des Hauts-de-Seine. Avec des idées à vérifier sur le sport, le logement étudiant, sur la prévention des conduites à risques, les problèmes de consommation de cannabis, d'alcool, les problèmes de dépression et d'anorexie. Mais une fois de plus, ce n'est pas parce que j'ai 21 ans que je peux me faire le porte-étendard de la jeunesse clairvoyante, j'essaie d'abord être à l'écoute, comprendre les autres et ensuite proposer des choses un peu nouvelles.
"Ce qui me plaît c'est de commencer à l'aurore et de travailler"
Le fait d'être le fils du Président de la République vous pose-t-il des problèmes pour asseoir votre légitimité?
Pour moi, même si cela vous étonne, je n'y pense pas plus que ça, c'est ma vie privée... Bien sûr, je suis lucide sur le fait que beaucoup de préjugés pèsent sur mes épaules. Dès que je fais un pas, on m'attend tout de suite au coin de la rue. J'accepte la règle du jeu. Si je me suis engagé, c'est parce que j'aime le débat, le service. Je suis animé par l'envie d'apprendre, de travailler, de m'engager, de faire mieux. Et à ceux qui me disent "Comment vous, Jean Sarkozy, pouvez-vous incarner la méritocratie?" je réponds que dans la mesure où c'est possible pour d'autres de s'investir au service de l'intérêt général, pourquoi serais-je la seule personne à être incapable de m'atteler à cette noble tâche? Au contraire! Je fais le même travail que les milliers d'élus qui choisissent de s'engager pour la collectivité.
Comment organisez-vous votre quotidien entre la politique et vos études?
Je poursuis ma formation de juriste et je concilie mes trois vies: ma formation, mon mandat et aussi ma vie privée... car j'ai aussi une vie privée. Pour le reste, c'est vrai que je me lève très tôt le matin et que je me couche tard le soir, mais comme ça, je peux me rendre disponible pour être au Conseil général, sur le terrain à Neuilly et ailleurs.
Avez-vous la mairie de Neuilly en ligne de mire?
On vit dans un monde curieux, mais ça doit être une affaire de génération... se regarder le miroir en se disant "ah je suis arrivé à ce poste, quel est le suivant?", ce n'est pas mon style. Moi, ce qui me plaît c'est de commencer à l'aurore et de travailler, de prendre les dossiers à bras-le-corps, de faire avancer les choses. Je vous le dis, je ne suis pas d'une génération qui est attachée au statut ou au titre. Encore moins au chapeau à plumes. Pour le moment, je demande juste d'avoir le droit de travailler
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