Saint Benoît Joseph Labre Le vagabond de Dieu (1748-1783)
Il est né le 26 mars 1748 à Amettes dans l'Artois; il est fêté le 16 avril.
Aîné d'une famille de quinze enfants d'un laboureur d'Amettes dans le nord de la France, il est accueilli à l'âge de douze ans chez son oncle le curé d'Érin, qui lui donne une éducation visant son entrée au séminaire. Mais il renonce à la prêtrise, " ayant peur de perdre son âme en sauvant celle des autres ". Mais il rêve d'être moine pour ne vivre que de Dieu. A 19 ans, il se présente dans plusieurs monastères de chartreux mais son jeune âge et sa santé fragile lui valent d'accumuler les échecs malgré sa vocation. La Grande Trappe de Sept-Fons ne l'accepte pas non plus et le Père Abbé lui dit :"Dieu vous veut ailleurs." Il prend l'habit religieux à l'abbaye de Sept-Fons en 1769. Il doit quitter l'abbaye quand il tombe malade. Il se rend alors à Paray-le-Monial, puis à l'approche de Lyon, à Dardilly, Pierre Vianney, le grand-père de Jean-Marie Vianney, offre son hospitalité à ce vagabond.
Car, rejeté de toute part, Benoît-Joseph Labre a finalement choisi une vie de mendiant et de pèlerin, allant de sanctuaires en sanctuaires. Désormais c'est "ailleurs" qu'il vit, dans l'errance et le pèlerinage perpétuel. Il ne cherche plus à se fixer. Son monastère est la route et Dieu son seul compagnon de prière.
Benoît devient alors pèlerin perpétuel, pauvre entre les plus pauvres, allant à pied de sanctuaire en sanctuaire. Il évite les auberges et emprunte les routes peu fréquentées, un chapelet en main, un crucifix sur la poitrine et sur l¹épaule un petit sac contenant l¹Évangile, l¹Imitation de Jésus-Christ et le bréviaire Il dort sous les haies ou dans des granges, parfois sous l¹abri d¹une église. Il demande à Dieu d¹ajouter à ses hardes un silice : de la vermine qui le torture sans relâche. Il essuie des rebuffades, reçoit pierres et quolibets, mais finit par atteindre Rome.
En sept ans, il parcoure près de 30.000 kilomètres d'un sanctuaire à l'autre, en Espagne, en Suisse, en Allemagne et jusqu'en Pologne, vivant dans le plus extrême dénuement, partageant avec les pauvres, les soupes populaires et les humiliations. Le produit de sa mendicité va le plus souvent à d'autres pauvres, ce qui lui vaut une réputation de sainteté. Ainsi le voit-on chanter à tue-tête les litanies de la Sainte Vierge près du soupirail d'une prison et donner aux prisonniers les pièces qu'on lui avait jetées par charité. Il devient membre du tiers-ordre franciscain. Il fait également v¦u de ne pas se laver, par mortification. Son absence d¹hygiène et sa vermine sont devenus proverbiaux.
Son errance perpétuelle, plus commune au Moyen gee, âge d'or des grandspèlerinages, est, au XVIIIème siècle, en décalage avec l'époque des Lumières, ce qui ajoute à sa sainteté. Les prêtres qui le confessent sont émerveillés par sa vie mystique et son humilité. Il fait un pèlerinage à Rome, où il arrive en décembre 1770, puis se rend à Saint-Jacques-de-Compostelle (1773), de nouveau à Rome en 1774, et Lorette en 1777. Il se fixe à Rome l'année suivante. L¹Italie adopte ce " saint Français " vêtu de haillons qui passe des heures en méditation et en prière, ne mendie pas mais accepte ce qu¹on lui donne, ne garde que le minimum nécessaire et distribue le reste à de plus pauvres. A Rome il loge avec tant d'autres pauvres dans les ruines du Colisée. Dans les rues, les enfants se moquent de lui. Il les entend et rend grâces à Dieu.
Il vécut six ans dans les ruines du Colisée, avant de mourir à 35 ans, le 16 avril 1783 (un mercredi saint), au domicile d'un boucher qui l'avait trouvé évanoui sur les marches de l'église Madonna dei Monti (connue également sous le nom de Santa Maria ai Monti). Dès sa mort connue, les enfants et le peuple de Rome s'en vont par les rues en criant :"Le saint est mort !".
Son enterrement à l'église de la Madonna dei Monti donna lieu à des manifestations de foi populaire, et son corps reposa sous une pierre de marbre. Les miracles se multiplient sur son tombeau. Il est béatifié par Pie IX en 1860 et canonisé par Léon XIII en 1881. Le masque mortuaire du saint est conservé dans l'église d'Amettes.
Postérité
Il est le saint patron de la paroisse d'Amqui et de la municipalité Saint-Benoît-Labre au Québec (Canada), de la commune de Marçay en France, des célibataires, des mendiants, des sans-logis, des pèlerins, des itinérants et des personnes inadaptées. Deux artistes l'ont représenté de son vivant, la mode étant de prendre un modèle dans les mendiants : par le sculpteur André Bley, pour une tête du Christ, qui servit de modèle pour les gravures; par le peintre Cavalucci, dont le tableau est conservé à Rome. Son confesseur, l'abbé Marconi, publie sa biographie la même année; les souvenirs de son passage en pays de langue germanique sont publiés par Stutter en 1789. Il est béatifié en 1860 devant 40 000 personnes et canonisé en 1883. Ses reliques reposent en partie dans sa commune de naissance, en partie dans la basilique de Marçay qui lui est dédiée, et où il fit l'objet d'un pèlerinage.
Paul Verlaine ‹ Amour à l¹occasion du jour anniversaire de la canonisation, en 1888, de Saint Benoit-Joseph Labre
Comme l¹Église est bonne en ce siècle de haine,
D¹orgueil et d¹avarice et de tous les péchés,
D¹exalter aujourd¹hui le caché des cachés,
Le doux entre les doux à l¹ignorance humaine
Et le mortifié sans pair que la Foi mène,
Saignant de pénitence et blanc d¹extase, chez
Les peuples et les saints, qui, tous sens détachés,
Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,
Comme un autre Alexis, comme un autre François,
Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
Pratiquant la douceur, l¹horreur de l¹Évangile !
Et pour ainsi montrer au monde qu¹il a tort
Et que les pieds crus d¹or et d¹argent sont d¹argile,
Comme l¹Église est tendre et que Jésus est fort !
À l'exception de deux lettres adressées à ses parents, nous avons très peu de paroles attribuées à Benoît Labre.
Son propos le plus célèbre est sa réponse à la question : "Comment devons-nous aimer Dieu ?" ‹ "Pour aimer Dieu, il faut trois c¦urs en un seul. Le premier doit être de FEU envers Dieu et nous faire penser continuellement à lui, agir constamment pour lui. Le deuxième doit être de CHAIR envers le prochain et nous porter à l'aider dans ses besoins spirituels par l'instruction, le conseil, l'exemple et la prière. Il doit surtout s'attendrir pour les pécheurs. Le troisième doit être de BRONZE pour soi-même et résister sans relâche à un amour égoïste de soi." (Dessin et texte tirés du dépliant Amettes 2004, A coeur ouvert, 29 août ‹ 5 septembre, p. 4).
Une prière du matin retrouvée dans ses papiers personnels après sa mort :
Dieu créateur du ciel et de la terre, mon aimable Sauveur, je vous remercie de l'amour immense que vous avez eu non seulement pour moi, mais pour tout le monde.
Je vous aime par-dessus toutes choses, et je veux vous aimer toute cette journée, ainsi que tous les instants de ma vie; je vous prie de m'aider à faire votre sainte volonté, et je vous prie continuellement pour tous les infidèles et les pécheurs; je veux vous prier toute cette journée pour eux, afin que vous daigniez les éclairer et les faire entrer dans votre grâce.
Je veux encore gagner les indulgences que je peux obtenir pour délivrer les âmes du purgatoire; enfin, ayez pitié des infidèles et des pécheurs.
Accordez-moi, ô mon Dieu, votre amour, imprimez en mon coeur les marques de votre cruelle passion. Je vous aime, mon divin Jésus, et je vous donne mon c¦ur.
Sainte Vierge, préservez-moi dans ce jour et tous ceux de ma vie, de tout péché, afin que je ne perde point l'amour de mon Dieu, que je veux aimer tous les jours et tous les moments de vie. Je vous rends grâce, Vierge sainte, au nom de tous les fidèles, du grand amour que vous leur portez; je vous remercie encore pour tous les fidèles et les pécheurs, aidez-les, assistez-les, afin qu'ils retournent à leur aimable Dieu; soyez le secours de tous dans cette journée et toujours.
Prières adressées à saint Benoît Labre
Dieu qui a donné à saint Benoît- Joseph Labre de mener une vie humble et pauvre, toute à l'image du Christ, fais-nous emprunter les mêmes chemins pour suivre ton Fils et vivre unis à toi, pleins de joie et de charité, en pèlerins du Royaume
Seigneur Dieu, qui avez amené saint Benoît Labre à s'attacher à Vous seul par l'humilité vraie et la pauvreté réelle, donnez-moi, grâce à ses mérites, de mépriser les biens de la terre et de rechercher uniquement ceux du ciel. Ainsi-soit-il.
Saint Benoît Labre, qui passa en ce monde comme un pauvre pèlerin, brûlez mon c¦ur d'amour pour Jésus pauvre et crucifié. Ainsi-soit-il.
Lettres à ses parents
Mon très cher père et ma très chère mère,
Je vous apprends que les chartreux ne m'ont pas jugé propre pour leur état; j'en suis sorti le second jour d'octobre. Je regarde cela comme un ordre de la Providence qui m'appelle à un état plus parfait. Ils m'ont dit que c'était la main de Dieu qui me retirait de chez eux.
Je m'achemine vers la Trappe, ce lieu que je désire tant et depuis si longtemps.
Je vous demande pardon de toutes les désobéissances et de toutes les peines que je vous ai causées. Je vous prie l'un et l'autre de me donner votre bénédiction, afin que le Seigneur m'accompagne. Je prierai le bon Dieu pour vous tous les jours de ma vie. Surtout ne soyez pas inquiets à mon égard. Quand j'aurais voulu rester dans ce couvent, on ne m'y aurait pas reçu; c'est pourquoi je me réjouis beaucoup de ce que le Tout-Puissant me conduit.
Ayez soin de l'instruction de mes frères et s¦urs, et surtout de mon filleul.
Maintenant la grâce de Dieu, je ne vous coûterai plus jamais rien et ne vous ferai plus aucune peine. Je me recommande à vos prières. Je me porte bien et je n'ai pas donné d'argent au domestique. Je ne suis sorti qu'après avoir fréquenté les sacrements. Servons toujours le bon Dieu et Il ne nous abandonnera pas.
Ayez soin de votre salut. Lisez et pratiquez ce qu'enseigne le Père l'Aveugle; c'est un livre qui enseigne le chemin du ciel et, sans faire ce qu'il dit, il n'y a pas de salut à espérer. Méditez les peines effroyables de l'enfer, que l'on y endure une éternité tout entière pour un seul péché mortel qu'on commet si aisément. Efforcez-vous d'être du petit nombre des élus.
Je vous remercie de toutes les bontés que vous avez eues pour moi et des services que vous m'avez rendus. Le bon Dieu vous en récompensera.
Procurez à mes frères et s¦urs la même éducation que vous m'avez donnés; c'est le moyen de les rendre heureux dans le ciel : sans instruction on ne peut se sauver. Je vous assure que vous êtes déchargés de moi. Je vous ai beaucoup coûté; mais soyez assurés que moyennant la grâce de Dieu, je profiterai de tout ce que vous avez fait pour moi. Ne vous affligez point de ce que je suis sorti de chez les chartreux; il ne vous est pas permis de résister à la volonté de Dieu qui en a ainsi disposé pour mon plus grand bien et pour mon salut.
Je vous prie de faire mes compliments à mes frères et soeurs. Accordez-moi vos bénédictions; je ne vous ferai plus aucune peine, Le bon Dieu que j'ai reçu avant de sortir, m'assistera et me conduira dans l'entreprise qu'il m'a inspiré. J'aurai toujours la crainte de Dieu devant les yeux et son amour dans le c¦ur".
J'espère fort être reçu à la Trappe. En tout cas, on m'assure que l'ordre de Sept-Fons n'est pas si rude et qu'on y reçoit plus jeune; mais je serai reçu à la trappe.
À Montreuil, ce 2 octobre 1769.
Votre humble serviteur, Benoît-Joseph Labre
Mon très cher père, ma très chère mère,
Vous avez appris que je suis sorti de Sept-Fons, et vous êtes sans doute en peine de savoir quelle route j'ai prise depuis, et quel état de vie j'ai envie d'embrasser. C'est pour m'acquitter de mon devoir et vous tirer d'inquiétude que je vous écris cette présente; je vous dirai donc que je suis sorti de Sept-Fons le 2 de juillet. J'avais encore la fièvre quand je suis parti et elle m'a quitté au quatrième jour de marche; et j'ai pris le chemin de Rome.
Je suis bientôt à présent à moitié du chemin; je n'ai guère avancé depuis que je suis sorti de Sept Fons, parce que pendant le mis d'août il fait de grandes chaleurs dans le Piedmont où je suis; et que j'ai été retenu pendant trois semaines dernièrement dans un hôpital, où j'ai été assez bien, par une petite maladie que j'ai eue. Au reste je me suis bien porté depuis que je suis sorti de Sept-Fons.
Il y a en Italie plusieurs monastères où la vie est fort régulière et fort austère. J'ai dessein d'entrer dans quelqu'un et j'espère que Dieu m'en fera la grâce. J'en sais même un de monastère, de l'ordre de la Trappe, dont l'abbé a écrit à un abbé de France que s'il allait des Français dans son abbaye, qu'il les recevrait parce qu'il lui manquait des sujets. J'ai tiré de bons certificats de Sept-Fons. Je ne manquerai pas de vous envoyer de mes nouvelles; je voudrais bien en avoir des vôtres, et de mes frères et s¦urs. Mais cela n'est pas possible à présent, parce que je ne suis pas arrêté dans un lieu fixe.
Je ne manque pas de prier Dieu pour vous tous les jours; je vous demande pardon de toutes les peines que je peux vous avoir causées et vous prie de m'accorder vos bénédictions, afin que Dieu bénisse mes desseins. C'est par l'ordre de sa Providence que j'ai entrepris le voyage que je fais. Ayez soin surtout de votre salut, et de l'éducation de mes frères et soeurs. Veillez sur leur conduite. Pensez aux flammes éternelles de l'enfer et au petit nombre des élus. Je suis bien content d'avoir entrepris le voyage que je fais. Je vous pris de faire mes compliments à ma grand'mère et mon grand'père, à mes tantes, à mon frère Jacques, à mes frères et soeurs, et à mon oncle Chois. Je vais entrer dans un pays où il fait bon pour les voyageurs. Il m'a fallu affranchir la lettre pour sortir des États du Roi de Sardaigne, tant qu'elle fut arrivée en France.
Je finis en vous demandant vos bénédictions, et pardon des chagrins que je vous ai occasionnés. Fait en la ville de Quiers en Piedmont, ce 31 août 1770. Votre très affectionné fils,
Benoît-Joseph Labre
Il est né le 26 mars 1748 à Amettes dans l'Artois; il est fêté le 16 avril.
Aîné d'une famille de quinze enfants d'un laboureur d'Amettes dans le nord de la France, il est accueilli à l'âge de douze ans chez son oncle le curé d'Érin, qui lui donne une éducation visant son entrée au séminaire. Mais il renonce à la prêtrise, " ayant peur de perdre son âme en sauvant celle des autres ". Mais il rêve d'être moine pour ne vivre que de Dieu. A 19 ans, il se présente dans plusieurs monastères de chartreux mais son jeune âge et sa santé fragile lui valent d'accumuler les échecs malgré sa vocation. La Grande Trappe de Sept-Fons ne l'accepte pas non plus et le Père Abbé lui dit :"Dieu vous veut ailleurs." Il prend l'habit religieux à l'abbaye de Sept-Fons en 1769. Il doit quitter l'abbaye quand il tombe malade. Il se rend alors à Paray-le-Monial, puis à l'approche de Lyon, à Dardilly, Pierre Vianney, le grand-père de Jean-Marie Vianney, offre son hospitalité à ce vagabond.
Car, rejeté de toute part, Benoît-Joseph Labre a finalement choisi une vie de mendiant et de pèlerin, allant de sanctuaires en sanctuaires. Désormais c'est "ailleurs" qu'il vit, dans l'errance et le pèlerinage perpétuel. Il ne cherche plus à se fixer. Son monastère est la route et Dieu son seul compagnon de prière.
Benoît devient alors pèlerin perpétuel, pauvre entre les plus pauvres, allant à pied de sanctuaire en sanctuaire. Il évite les auberges et emprunte les routes peu fréquentées, un chapelet en main, un crucifix sur la poitrine et sur l¹épaule un petit sac contenant l¹Évangile, l¹Imitation de Jésus-Christ et le bréviaire Il dort sous les haies ou dans des granges, parfois sous l¹abri d¹une église. Il demande à Dieu d¹ajouter à ses hardes un silice : de la vermine qui le torture sans relâche. Il essuie des rebuffades, reçoit pierres et quolibets, mais finit par atteindre Rome.
En sept ans, il parcoure près de 30.000 kilomètres d'un sanctuaire à l'autre, en Espagne, en Suisse, en Allemagne et jusqu'en Pologne, vivant dans le plus extrême dénuement, partageant avec les pauvres, les soupes populaires et les humiliations. Le produit de sa mendicité va le plus souvent à d'autres pauvres, ce qui lui vaut une réputation de sainteté. Ainsi le voit-on chanter à tue-tête les litanies de la Sainte Vierge près du soupirail d'une prison et donner aux prisonniers les pièces qu'on lui avait jetées par charité. Il devient membre du tiers-ordre franciscain. Il fait également v¦u de ne pas se laver, par mortification. Son absence d¹hygiène et sa vermine sont devenus proverbiaux.
Son errance perpétuelle, plus commune au Moyen gee, âge d'or des grandspèlerinages, est, au XVIIIème siècle, en décalage avec l'époque des Lumières, ce qui ajoute à sa sainteté. Les prêtres qui le confessent sont émerveillés par sa vie mystique et son humilité. Il fait un pèlerinage à Rome, où il arrive en décembre 1770, puis se rend à Saint-Jacques-de-Compostelle (1773), de nouveau à Rome en 1774, et Lorette en 1777. Il se fixe à Rome l'année suivante. L¹Italie adopte ce " saint Français " vêtu de haillons qui passe des heures en méditation et en prière, ne mendie pas mais accepte ce qu¹on lui donne, ne garde que le minimum nécessaire et distribue le reste à de plus pauvres. A Rome il loge avec tant d'autres pauvres dans les ruines du Colisée. Dans les rues, les enfants se moquent de lui. Il les entend et rend grâces à Dieu.
Il vécut six ans dans les ruines du Colisée, avant de mourir à 35 ans, le 16 avril 1783 (un mercredi saint), au domicile d'un boucher qui l'avait trouvé évanoui sur les marches de l'église Madonna dei Monti (connue également sous le nom de Santa Maria ai Monti). Dès sa mort connue, les enfants et le peuple de Rome s'en vont par les rues en criant :"Le saint est mort !".
Son enterrement à l'église de la Madonna dei Monti donna lieu à des manifestations de foi populaire, et son corps reposa sous une pierre de marbre. Les miracles se multiplient sur son tombeau. Il est béatifié par Pie IX en 1860 et canonisé par Léon XIII en 1881. Le masque mortuaire du saint est conservé dans l'église d'Amettes.
Postérité
Il est le saint patron de la paroisse d'Amqui et de la municipalité Saint-Benoît-Labre au Québec (Canada), de la commune de Marçay en France, des célibataires, des mendiants, des sans-logis, des pèlerins, des itinérants et des personnes inadaptées. Deux artistes l'ont représenté de son vivant, la mode étant de prendre un modèle dans les mendiants : par le sculpteur André Bley, pour une tête du Christ, qui servit de modèle pour les gravures; par le peintre Cavalucci, dont le tableau est conservé à Rome. Son confesseur, l'abbé Marconi, publie sa biographie la même année; les souvenirs de son passage en pays de langue germanique sont publiés par Stutter en 1789. Il est béatifié en 1860 devant 40 000 personnes et canonisé en 1883. Ses reliques reposent en partie dans sa commune de naissance, en partie dans la basilique de Marçay qui lui est dédiée, et où il fit l'objet d'un pèlerinage.
Paul Verlaine ‹ Amour à l¹occasion du jour anniversaire de la canonisation, en 1888, de Saint Benoit-Joseph Labre
Comme l¹Église est bonne en ce siècle de haine,
D¹orgueil et d¹avarice et de tous les péchés,
D¹exalter aujourd¹hui le caché des cachés,
Le doux entre les doux à l¹ignorance humaine
Et le mortifié sans pair que la Foi mène,
Saignant de pénitence et blanc d¹extase, chez
Les peuples et les saints, qui, tous sens détachés,
Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,
Comme un autre Alexis, comme un autre François,
Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
Pratiquant la douceur, l¹horreur de l¹Évangile !
Et pour ainsi montrer au monde qu¹il a tort
Et que les pieds crus d¹or et d¹argent sont d¹argile,
Comme l¹Église est tendre et que Jésus est fort !
À l'exception de deux lettres adressées à ses parents, nous avons très peu de paroles attribuées à Benoît Labre.
Son propos le plus célèbre est sa réponse à la question : "Comment devons-nous aimer Dieu ?" ‹ "Pour aimer Dieu, il faut trois c¦urs en un seul. Le premier doit être de FEU envers Dieu et nous faire penser continuellement à lui, agir constamment pour lui. Le deuxième doit être de CHAIR envers le prochain et nous porter à l'aider dans ses besoins spirituels par l'instruction, le conseil, l'exemple et la prière. Il doit surtout s'attendrir pour les pécheurs. Le troisième doit être de BRONZE pour soi-même et résister sans relâche à un amour égoïste de soi." (Dessin et texte tirés du dépliant Amettes 2004, A coeur ouvert, 29 août ‹ 5 septembre, p. 4).
Une prière du matin retrouvée dans ses papiers personnels après sa mort :
Dieu créateur du ciel et de la terre, mon aimable Sauveur, je vous remercie de l'amour immense que vous avez eu non seulement pour moi, mais pour tout le monde.
Je vous aime par-dessus toutes choses, et je veux vous aimer toute cette journée, ainsi que tous les instants de ma vie; je vous prie de m'aider à faire votre sainte volonté, et je vous prie continuellement pour tous les infidèles et les pécheurs; je veux vous prier toute cette journée pour eux, afin que vous daigniez les éclairer et les faire entrer dans votre grâce.
Je veux encore gagner les indulgences que je peux obtenir pour délivrer les âmes du purgatoire; enfin, ayez pitié des infidèles et des pécheurs.
Accordez-moi, ô mon Dieu, votre amour, imprimez en mon coeur les marques de votre cruelle passion. Je vous aime, mon divin Jésus, et je vous donne mon c¦ur.
Sainte Vierge, préservez-moi dans ce jour et tous ceux de ma vie, de tout péché, afin que je ne perde point l'amour de mon Dieu, que je veux aimer tous les jours et tous les moments de vie. Je vous rends grâce, Vierge sainte, au nom de tous les fidèles, du grand amour que vous leur portez; je vous remercie encore pour tous les fidèles et les pécheurs, aidez-les, assistez-les, afin qu'ils retournent à leur aimable Dieu; soyez le secours de tous dans cette journée et toujours.
Prière composée par saint Benoît Labre
Père éternel, par le sang de Jésus miséricorde : consolez-nous dans le besoin et les tribulations, comme vous avez consolé Job, Anne et Tobie dans leurs afflictions; et Vous, Marie, priez et apaisez Dieu pour nous, et obtenez-nous la grâce qu'humblement nous Vous demandons.Prières adressées à saint Benoît Labre
Dieu qui a donné à saint Benoît- Joseph Labre de mener une vie humble et pauvre, toute à l'image du Christ, fais-nous emprunter les mêmes chemins pour suivre ton Fils et vivre unis à toi, pleins de joie et de charité, en pèlerins du Royaume
Seigneur Dieu, qui avez amené saint Benoît Labre à s'attacher à Vous seul par l'humilité vraie et la pauvreté réelle, donnez-moi, grâce à ses mérites, de mépriser les biens de la terre et de rechercher uniquement ceux du ciel. Ainsi-soit-il.
Saint Benoît Labre, qui passa en ce monde comme un pauvre pèlerin, brûlez mon c¦ur d'amour pour Jésus pauvre et crucifié. Ainsi-soit-il.
Lettres à ses parents
Mon très cher père et ma très chère mère, Je vous apprends que les chartreux ne m'ont pas jugé propre pour leur état; j'en suis sorti le second jour d'octobre. Je regarde cela comme un ordre de la Providence qui m'appelle à un état plus parfait. Ils m'ont dit que c'était la main de Dieu qui me retirait de chez eux.
Je m'achemine vers la Trappe, ce lieu que je désire tant et depuis si longtemps.
Je vous demande pardon de toutes les désobéissances et de toutes les peines que je vous ai causées. Je vous prie l'un et l'autre de me donner votre bénédiction, afin que le Seigneur m'accompagne. Je prierai le bon Dieu pour vous tous les jours de ma vie. Surtout ne soyez pas inquiets à mon égard. Quand j'aurais voulu rester dans ce couvent, on ne m'y aurait pas reçu; c'est pourquoi je me réjouis beaucoup de ce que le Tout-Puissant me conduit.
Ayez soin de l'instruction de mes frères et s¦urs, et surtout de mon filleul.
Maintenant la grâce de Dieu, je ne vous coûterai plus jamais rien et ne vous ferai plus aucune peine. Je me recommande à vos prières. Je me porte bien et je n'ai pas donné d'argent au domestique. Je ne suis sorti qu'après avoir fréquenté les sacrements. Servons toujours le bon Dieu et Il ne nous abandonnera pas.
Ayez soin de votre salut. Lisez et pratiquez ce qu'enseigne le Père l'Aveugle; c'est un livre qui enseigne le chemin du ciel et, sans faire ce qu'il dit, il n'y a pas de salut à espérer. Méditez les peines effroyables de l'enfer, que l'on y endure une éternité tout entière pour un seul péché mortel qu'on commet si aisément. Efforcez-vous d'être du petit nombre des élus.
Je vous remercie de toutes les bontés que vous avez eues pour moi et des services que vous m'avez rendus. Le bon Dieu vous en récompensera.
Procurez à mes frères et s¦urs la même éducation que vous m'avez donnés; c'est le moyen de les rendre heureux dans le ciel : sans instruction on ne peut se sauver. Je vous assure que vous êtes déchargés de moi. Je vous ai beaucoup coûté; mais soyez assurés que moyennant la grâce de Dieu, je profiterai de tout ce que vous avez fait pour moi. Ne vous affligez point de ce que je suis sorti de chez les chartreux; il ne vous est pas permis de résister à la volonté de Dieu qui en a ainsi disposé pour mon plus grand bien et pour mon salut.
Je vous prie de faire mes compliments à mes frères et soeurs. Accordez-moi vos bénédictions; je ne vous ferai plus aucune peine, Le bon Dieu que j'ai reçu avant de sortir, m'assistera et me conduira dans l'entreprise qu'il m'a inspiré. J'aurai toujours la crainte de Dieu devant les yeux et son amour dans le c¦ur".
J'espère fort être reçu à la Trappe. En tout cas, on m'assure que l'ordre de Sept-Fons n'est pas si rude et qu'on y reçoit plus jeune; mais je serai reçu à la trappe.
À Montreuil, ce 2 octobre 1769.
Votre humble serviteur, Benoît-Joseph Labre
Mon très cher père, ma très chère mère,
Vous avez appris que je suis sorti de Sept-Fons, et vous êtes sans doute en peine de savoir quelle route j'ai prise depuis, et quel état de vie j'ai envie d'embrasser. C'est pour m'acquitter de mon devoir et vous tirer d'inquiétude que je vous écris cette présente; je vous dirai donc que je suis sorti de Sept-Fons le 2 de juillet. J'avais encore la fièvre quand je suis parti et elle m'a quitté au quatrième jour de marche; et j'ai pris le chemin de Rome.
Je suis bientôt à présent à moitié du chemin; je n'ai guère avancé depuis que je suis sorti de Sept Fons, parce que pendant le mis d'août il fait de grandes chaleurs dans le Piedmont où je suis; et que j'ai été retenu pendant trois semaines dernièrement dans un hôpital, où j'ai été assez bien, par une petite maladie que j'ai eue. Au reste je me suis bien porté depuis que je suis sorti de Sept-Fons.
Il y a en Italie plusieurs monastères où la vie est fort régulière et fort austère. J'ai dessein d'entrer dans quelqu'un et j'espère que Dieu m'en fera la grâce. J'en sais même un de monastère, de l'ordre de la Trappe, dont l'abbé a écrit à un abbé de France que s'il allait des Français dans son abbaye, qu'il les recevrait parce qu'il lui manquait des sujets. J'ai tiré de bons certificats de Sept-Fons. Je ne manquerai pas de vous envoyer de mes nouvelles; je voudrais bien en avoir des vôtres, et de mes frères et s¦urs. Mais cela n'est pas possible à présent, parce que je ne suis pas arrêté dans un lieu fixe.
Je ne manque pas de prier Dieu pour vous tous les jours; je vous demande pardon de toutes les peines que je peux vous avoir causées et vous prie de m'accorder vos bénédictions, afin que Dieu bénisse mes desseins. C'est par l'ordre de sa Providence que j'ai entrepris le voyage que je fais. Ayez soin surtout de votre salut, et de l'éducation de mes frères et soeurs. Veillez sur leur conduite. Pensez aux flammes éternelles de l'enfer et au petit nombre des élus. Je suis bien content d'avoir entrepris le voyage que je fais. Je vous pris de faire mes compliments à ma grand'mère et mon grand'père, à mes tantes, à mon frère Jacques, à mes frères et soeurs, et à mon oncle Chois. Je vais entrer dans un pays où il fait bon pour les voyageurs. Il m'a fallu affranchir la lettre pour sortir des États du Roi de Sardaigne, tant qu'elle fut arrivée en France.
Je finis en vous demandant vos bénédictions, et pardon des chagrins que je vous ai occasionnés. Fait en la ville de Quiers en Piedmont, ce 31 août 1770. Votre très affectionné fils,
Benoît-Joseph Labre
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