CASABLANCA - Cinquante-cinq personnes sont mortes et au moins douze autres ont été blessées dans un incendie qui a éclaté samedi dans une usine de fabrication de matelas à Casablanca, selon la préfecture locale, citée par l'agence officielle MAP.
Toutefois, sur place, les pompiers ont annoncé à l'Associated Press un bilan de 54 morts: 28 hommes, 21 femmes, et cinq corps trop brûlés pour être identifiés. Le sinistre a également fait 21 blessés, selon eux: six graves ayant inhalé de la fumée, quatre victimes de chutes et onze inconscients.
"Nous sommes certains qu'il y a au moins 54 morts", a confié le chef des pompiers sur place à l'AP, précisant qu'il "reste un doute" sur la présence d'autres corps dans les décombres du bâtiment.
Le sinistre s'est déclaré samedi matin pour une raison encore indéterminée vers 10h au rez-de-chaussée de l'usine "Rosamor ameublements", située dans la zone industrielle de Lissasfa, indique la MAP en citant un communiqué de la préfecture ("wilaya") du Grand Casablanca.
Le feu s'est ensuite propagé rapidement aux cinq étages du bâtiment. La présence de produits chimiques dans l'usine a certainement favorisé la propagation des flammes, selon le communiqué de la préfecture, mais l'origine précise de l'incendie restait toutefois à déterminer.
Selon un policier présent sur place, les employés accusent le patron de l'usine d'avoir bloqué les issues du bâtiment pour empêcher le vol de marchandises. "Les ouvriers accusent le propriétaire d'avoir fermé les portes, mais ce n'est pas certain", a-t-il affirmé sous couvert de l'anonymat. Rachida Darif, une employée de 29 ans qui a réussi à s'échapper par le toit du bâtiment, a par ailleurs expliqué à l'AP que les portes et l'ascenseur de l'usine étaient bloqués lorsqu'elle a voulu s'enfuir.
Les pompiers ont affirmé ne pas savoir si les portes avaient été délibérément bloquées, mais ont souligné les manquements aux normes de sécurité dans l'usine. Il n'y avait ainsi aucune issue de secours, et les fenêtres des derniers étages avaient des barreaux. "Tout ça explique pourquoi nous avons trouvé la plupart des victimes dans l'escalier", a expliqué un pompier.
Il s'agit de l'incendie le plus meurtrier au Maroc depuis un sinistre qui avait fait 50 morts dans la prison de Sidi Moussa (côte atlantique) en 2002.
Une enquête "approfondie et transparente" sera ouverte, a indiqué le ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa, qui s'est rendu sur les lieux du sinistre, cité par la MAP. Le roi Mohammed VI a ordonné que tous les efforts possibles soient entrepris pour venir en aide aux victimes et à leurs familles, selon la MAP. Les hôpitaux disposant d'unités de soins pour les grands brûlés, tel l'hôpital militaire de Rabat, ont reçu la consigne de mobiliser leurs moyens.
Une centaine de personnes se trouvaient dans l'usine au moment où l'incendie s'est déclaré, selon la MAP. Toutefois la plupart des personnes qui ont été tuées se trouvaient au troisième étage, là où se trouve l'atelier de couture, a précisé Rachida Darif à l'AP.
La Protection civile a mobilisé une centaine de sapeurs-pompiers, sept engins et cinq ambulances, mais les équipes d'intervention et de secours ont été renforcées au fur et à mesure de la journée face à la gravité de l'incendie, selon le communiqué de la préfecture.
Le sinistre n'a été maîtrisé qu'après plus de trois heures d'intenses efforts déployés par les éléments d'intervention de la Protection civile et les différents appareils de sécurité. Douze heures après le début de l'incendie, des fumées s'échappaient toujours du bâtiment, et les pompiers continuaient d'arroser le site, a-t-on constaté sur place.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à proximité de l'usine, dont les deux derniers étages se sont effondrés, a constaté sur place un photographe de l'Associated Press
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